Changer de sexe, encore un tabou
[FOCUS] La transidentité en Allemagne
[cinéma] Nicole Kidman interprétera "Lily Elbe", première "transsexuelle de l'Histoire à être opéré(e)"

En 2012 sortira sur les écrans A Danish Girl (“Une Fille Danoise”), le nouveau film du réalisateur suédois Lasse Hallström, une adaptation du roman de l’auteur américain David Ebershoff, retracant l’histoire de Lili Elbe, la première intersexuelle officiellement opérée dans les années 30. C’est[...]
Une transsexuelle, personnage principal du dernier film du réalisateur québécois Xavier Dolan

Le site Cyberpresse.ca a dévoilé la bande-annonce de Laurence Anyways, le très attendu troisième film de Xavier Dolan. Le film raconte l'histoire de Laurence, prof de littérature, qui entame sa transition d'homme en femme. En salles au Canada depuis mai 2012, Laurence Anyways est sorti en[...]
Entendre la voix des enfants transsexuel-le-s et transgenres

Le sujet des enfants transsexuels est un sujet très important mais délicat qui ne laisse que peu de traces dans la presse francophone. Les quelques familles respectueuses qui tiennent à accompagner leur enfant prennent de grande précautions pour se protéger et pour protéger leur enfant de la[...]
Dernières nouvelles sur la TRANSIDENTITE et l'INTERSEXUATION dans le monde

[France] Nouveau changement de sexe dans un lycée catholique de Loire-Atlantique [Presse Océan, Le Point] via Yagg (4 septembre 2012) > LIRE L’ A.N.T. publie une carte des droits des personnes transgenres à travers le monde (Yagg, 28 août 2012). L'Association nationale transgenre (A.N.T.,[...]
[actu] Vers un troisième sexe sur les passeports canadiens ?
[actu] En Argentine, choisir son genre devient un droit

L'Argentine, premier pays d'Amérique latine à légaliser le mariage homosexuel, vient de voter une loi permettant aux transsexuels et travestis de choisir librement leur genre. | AP/Natacha Pisarenko C'est une première, qui place l'Argentine en pays précurseur. Après l'autorisation du mariage[...]
Transidentité : la situation française
Tous les trois jours, un-e transsexuel-le, est assassiné-e dans le monde

Tous les trois jours une personne transgenre est tuée dans le monde. Ce sont les chiffres de l'Observatoire des personnes transexuelles assassinées, un projet soutenu par l'ONG internationale Transgender Europe, TGEU, en coopération avec le magazine en ligne Liminalis. Selon l'Observatoire, 204[...]
La transsexualité, un sujet qui transcende les médias
Les Trans', "minorités visibles" ? (reportage et tribunes)
sommaire . [le billet de caphi] "L'invisibilité" des Transsexuel(le)s aux Marches des Fiertés (suivi d'un article de Libération de juin 2008 et extraits choisis des commentaires des internautes) . [audio] Les transsexuel(le)s, minorité invisible française par Clarisse Fabre (journaliste Le[...]
POLOGNE • Elue à la Diète et seule députée transexuelle au monde en exercice
POLOGNE • Une députée transsexuelle à la Diète
Courrier International, 10.10.2011

Tout laisse penser qu'Anna Grodzka, 57 ans, tête de liste du Mouvement de Janusz Palikot à Cracovie aux législatives du 9 octobre, siègera à la Diète polonaise. Elle sera, signale le
quotidien Gazeta Krakowska, la première personne transsexuelle de l'histoire parlementaire polonais. Son programme : défendre les droits des
transsexuels. "Ils sont vraiment très nombreux", explique Mme Grodzka. "Si les estimations se confirment, elle sera aussi la seule députée transexuelle au monde en exercice", précise le journal, expliquant qu'il y a déjà eu des transsexuels au parlement italien et
néozélandais. Anna Grodzka, qui elle-même a subi une coûteuse opération de changement de sexe, dirige aujourd'hui l'association Trans-fuzja et se bat pour que ce type d'opération soit
remboursé, au moins partiellement, par la sécurité sociale.
lien : http://www.courrierinternational.com/breve/2011/10/10/une-deputee-transsexuelle-a-la-diete
Anna Grodzka, une députée transsexuelle en Pologne
Anna Grodzka, 57 ans, a fait sa rentrée historique au Parlement polonais: elle
est devenue la première députée transsexuelle de la très catholique Pologne, la troisième seulement dans le monde. Anna Grodzka, qui [a fait] son
entrée au Parlement le 8 novembre avec les 459 autres élus, indique qu’elle comptait utiliser la campagne électorale seulement pour défendre la cause des transsexuels mais elle a été élue
lors du scrutin du 9 octobre avec près de 19.500 voix à Cracovie (sud), la ville du pape Jean Paul II, réputée conservatrice mais qui abrite une très large communauté d’étudiants et
d’artistes. Mme Grodzka sera la seule députée transsexuelle en activité dans le monde. Mme Grodzka
dirige depuis 2008 la fondation Tranzfuzja réunissant des groupes de soutien en faveur de transsexuels et d’autres personnes isolées. Interview (sudpresse.be, 9 novembre 2011)
Thaïlande, paradis des trans ?
(1)Very Thai. Everyday Popular Culture», 2005.
lien de l'article : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2268/articles/a373252-au_pays_des_hommesfemmes.html
revue de presse
Les cliniques refusent d'appliquer l'interdiction des opérations de castration
La directive du ministère thaïlandais de la Santé fait suite à la demande d'associations qui s'étaient émues publiquement de certaines opérations de castration faites très rapidement sans vérifier les motivations réelles des patients et parfois sans autorisation parentale, obligatoire pour les mineurs. Même si cette directive ne vise pas les opérations de changement de sexe mais uniquement les castrations, les cliniques refusent de l'appliquer.
Comme ses collègues, le docteur Trep Wetswisit, chirurgien de la Pratunum Clinic, l'une des mieux cotées en la matière à Bangkok, s'est vigoureusement opposé à cette interdiction. Il a appelé ceux qui souhaitaient recevoir une castration à venir se faire opérer dans sa clinique. Il a mis en exergue l'incohérence de la situation en déclarant: «Cette situation est ridicule, ils ont interdit la castration mais pas les opérations de changement de sexe. Mais pour faire une opération, vous êtes obligé de retirer les testicules.» par Fabien Lavie, tetu.com, 11 avril 2008
La Thaïlande durcit sa législation pour les transsexuels. A compter de la semaine prochaine, les candidats transsexuels devront respecter plusieurs obligations avant de pouvoir subir l'opération, afin de montrer qu'ils y sont psychologiquement prêts.
Ils devront ainsi prouver qu'ils ont vécu comme une femme depuis au moins un an, recevoir un traitement hormonal et obtenir l'approbation de deux psychiatres.
Le changement de sexe est interdit en Thaïlande avant l'âge de 18 ans, et pour les 18-20 ans, un accord parental est nécessaire. Officiellement, la nouvelle législation est destinée à éviter des changements de trop hâtifs. (source : E-llico.com, 26/11/2009)
Lire aussi > Des hôtesses transsexuelles sur PC Air (americas-fr.com)
> Lire aussi la Lettre d'Asie :
"L'envol du troisième sexe en Thaïlande" dans
du 18.02.11.
Rayonnante dans une robe moulante, Haruna Ai était la plus belle samedi soir. Cette Japonaise, née homme il y a 37 ans, a gagné à Pattaya, dans le sud de la Thaïlande, le concours de Miss Transsexuel et se voit désormais en porte-parole de ses semblables.
La Japonaise Haruna Ai lors du concours de beauté Miss International Queen 2009 à Pataya (Thaïlande), le 31 octobre 2009
Un titre sérieux dans un pays où les transsexuels font partie du paysage social, et où la tolérance est loi à l'égard de bien des pratiques considérées ailleurs comme déviantes, dégradantes, voire illégales.
Des millions de Thaïlandais ont regardé en direct le spectacle retransmis depuis Pattaya, cité balnéaire connue à l'étranger pour avoir porté
l'industrie du sexe à un niveau qui frise l'industrialisation.
"Je suis très, très heureuse", confessait Haruna en larmes à l'AFP, quelques heures après son sacre au Tiffany, présenté comme le plus grand cabaret de transsexuels du monde.
Grandie par un diadème en faux diamants, elle ajoutait: "Je veux que des compétitions comme celles-là montrent à tous qu'ils doivent s'aimer et vivre librement".
"Le mode de vie japonais est plus traditionnel et les transsexuels ne sont pas libres. Mais en Thaïlande, ils font ce qu'ils veulent", a-t-elle dit.
La soirée n'aura pas toujours porté les attributs du discours politique le plus élaboré, lorsque défilaient sous les hurlements goguenards les
belles en costumes nationaux.
Avec une Américaine toute de plumes vêtues, et une Anglaise en hallebardier de la Tour de Londres, portant cuissards de satin noires et bonnet à poil.
Les lumières tamisées du Tiffany ont ensuite accueilli les candidates en robes de soirée puis maillot de bain rose, sous un ballet aérien de cerfs-volants fluorescents.
De quoi permettre le triomphe d'Haruna, repartie avec 10.000 dollars, un an de séjour dans un hôtel et un bon pour 500 dollars de chirurgie esthétique que visaient ses deux dauphines, la Thaïlandaise Karngsadal Wongdusadeekul et la Brésilienne Daniela Marques.
Mais les commentaires "backstage" évoquaient une autre réalité, faite de discrimination et de frustrations.
"Je ne peux que rêver d'un événement comme celui-là aux Etats-Unis", a admis l'Américaine Sunny Dee-Lite, 32 ans, sortie première du défilé en robe.
La Chinoise Maggie Gao a pour sa part remporté cette année le prix de Miss Monde Shenzhen, organisé dans cette ville du sud de la Chine. Avant de se voir retirer son prix lorsque les organisateurs ont constaté qu'elle était un homme.
Quant à Camilia Dzelma, 22 ans, elle appelait à plus de transparence après avoir été acceptée par sa famille musulmane à Singapour. "Je suis là pour montrer au monde que je ne suis pas un monstre", a expliqué ce professeur de danse pour enfant d'une école publique. Et d'ajouter: "Ma mère m'a appelé pour me souhaiter bonne chance".
Même en Thaïlande, où les pratiques sexuelles sont libérées de la plupart des barrières morales qui pèsent en Occident, le combat n'est pourtant pas complètement gagné.
Les transsexuels s'y plaignent de ne pouvoir changer d'identité sur leurs papiers comme dans certains pays occidentaux. Et de nouvelles lois ont restreint les possibilités d'opérations.
La Thaïlandaise Sorawee Nattee, qui a gagné à 21 ans le titre national en mai, a même été convoquée pour son service militaire. "Mais quand j'y suis allée comme ça, en fille, avec des seins, ils m'ont dit de partir".
THAÏLANDE • Transsexuelle mais pas “démente” du tout
Assez nombreuses dans un pays qui les tolère plutôt bien, les transsexuelles se battent pour que l’armée cesse de les réformer pour des motifs humiliants qui gâchent leur vie, témoigne Global Post.
09.11.2010 | Patrick Winnn | Global Post

© Dessin de Istvan Banyai paru dans The New Yorker
DE BANGKOK, Thaïlande
C’était le jour de l’enrôlement dans la banlieue de Bangkok. Avec ses locks châtains tombant sur ses épaules, Prempreeda Pramoj Na Ayutthaya se dissimulait au milieu d’un millier
de jeunes. A l’appel de son nom, elle s’est levée, les jambes flageolantes, pour traverser la foule de garçons stupéfaits.
“J’ai paniqué. Au début, ils croyaient que j’étais la sœur d’un des leurs, raconte-t-elle. Mais quand je me suis avancée, tout le monde a compris que je n’étais pas une fille
et il y a eu un énorme raffut.”
La plupart des 500 000 Thaïlandais qui peuvent être tirés au sort par l’armée chaque année craignent d’être incorporés dans l’infanterie. Mais peu d’entre eux redoutent autant
d’être appelés que les katoeys, comme on appelle ici les transsexuelles. Ces jeunes, qui sont génétiquement des hommes mais se considèrent comme des femmes, voient l’enrôlement
comme une menace contre leur identité. “Ils nous coupent les cheveux et détruisent notre féminité. On fait tout ce qu’on peut pour l’éviter”, explique Prempreeda.
L’importante population de transsexuelles thaïlandaises pose un problème à l’armée, pour laquelle les katoeys doivent faire leur service militaire à 21 ans, comme tous les autres
garçons de leur âge. Dans la pratique, elle admet rarement ces jeunes parfumés aux cheveux longs et à la poitrine gonflée par les hormones. Ils sont considérés comme inaptes au
service, souvent pour “poitrine déformée”.
Mais le motif de rejet le plus fréquent est aussi le plus accablant : trouble mental ou, pis encore, démence. C’est ce terme qui a été inscrit en 2006 dans le dossier de Samart
Meecharoen, ce qui a poussé cette réceptionniste de 26 ans à devenir militante. Après avoir raté un entretien d’embauche pour avoir été cataloguée comme “démente” – la
plupart des employeurs exigent une attestation de service militaire des candidats –, elle a porté plainte contre le ministère de la Défense avec l’aide d’une association de
défense des homosexuels. “Ne comprennent-ils pas qu’ils ruinent notre vie ? s’insurge Samart. Ça nous suit toute notre existence. Même quand on veut ouvrir un compte en banque
ou qu’on fait une demande de visa, les gens nous voient comme des fous.”
Même si le ministère de la Défense a toujours le droit de rejeter les katoeys comme malades mentaux, l’affaire de Samart a conduit l’armée à s’abstenir de classifications aussi
préjudiciables à la carrière des intéressés. Pour rejeter les katoeys, les officiers de haut rang recommandent désormais d’utiliser une mention passe-partout : “Le corps de
cette personne ne correspond pas à son sexe de naissance.” La décision n’est pas définitive, mais beaucoup de transsexuelles souscrivent à cette formule. Ceux qui ont été
jugés “déments” ou “déformés” espèrent que ces qualificatifs peu flatteurs seront effacés de leur dossier.
Les jeunes katoeys qui craignent d’être enrôlés se rendent sur ThaiLadyBoyz.net, le plus grand site en langue thaïe sur la vie des transsexuelles. Le site propose en ligne une stratégie pour les futurs appelés.
“Fais-toi belle mais reste décente”, écrivait ainsi un usager. Prempreeda a suivi le conseil en choisissant une tenue correcte mais assez féminine pour montrer aux
officiers qu’elle était une vraie katoey. Elle avait alors 20 ans et prenait des hormones importées d’Allemagne depuis l’âge de 17 ans pour avoir de la poitrine. “Le médecin
de l’armée, plutôt jeune, m’a fait entrer dans une petite pièce fermée par un rideau, raconte-t-elle. Il y avait des garçons qui montaient au 1er étage dans l’espoir de
surprendre une scène sexuelle. Bien sûr, les transsexuelles sont les clous du spectacle.”
Prempreeda s’attendait au pire. Le médecin lui a demandé d’enlever le haut et a vu qu’elle portait un soutien-gorge de sport. “Il a ri, dit-elle. Il était évident qu’il
utilisait son autorité pour voir mes seins.” Son diagnostic a été “poitrine déformée”.
Aujourd’hui âgée de 31 ans, Prempreeda travaille comme chercheuse et consultante privée. Elle a eu de la chance. “Le président du conseil de révision a été très gentil quand
je lui ai demandé de ne pas ruiner ma carrière”, souligne-t-elle. Selon elle, les mentions de “démence” ou de “déformation” appliquées par l’armée aux
katoeys brisent le mythe selon lequel la Thaïlande serait un paradis pour les gays. “Nous ne sommes pas la cible de crimes ou de violences homophobes, observe-t-elle,
mais nous poursuivons notre lutte et il nous faudra beaucoup de temps.”
http://www.courrierinternational.com/article/2010/11/09/transsexuelle-mais-pas-demente-du-tout
REPÈRE Katoeys
Terre de tolérance, la Thaïlande compterait de 10 000 à 100 000 transsexuelles. Malgré les moqueries et les préjugés, les katoeys sont acceptées. Il faut dire que le bouddhisme thaïlandais évoque quatre sexes différents, dont un sexe hermaphrodite et celui d’un homme qui dévie de la norme
hétérosexuelle. Désormais, la possibité de recourir à une opération de changement de sexe rend la vie des katoeys plus facile. En revanche, ce changement de sexe n’est pas reconnu juridiquement par la Thaïlande, et leur communauté milite pour ce droit.
Fiches pays
Et en France ?

Ils ont choisi de changer de sexe, parfois dès l'adolescence. Elles sont médecins, attachées de presse, journalistes, directrices commerciales, actrices, danseuses... A Bangkok, les «ladies boys» sont étonnament intégrées dans la société
De l'envoyée spéciale à Bangkok du Nouvel Observateur, Léna Mauger, 24 Avril 2008
Elle croise les jambes. Les décroise délicatement. Touche ses longs cheveux noirs. Parle d'une voix suave, sensuelle. Directrice commerciale, Crystal, 26 ans, travaille dans une grande tour de verre située au centre de Bangkok. Cette Thaïlandaise avenante est une manager pointilleuse, une salariée modèle appréciée par ses collègues. Mais aussi une femme un peu spéciale. Crystal a un sexe d'homme. Elle est si féminine, si gracieuse qu'il est difficile de le croire. Même sa chef de bureau, qui la côtoie tous les jours, a mis un an à le découvrir. Ici, on appelle les filles comme elle les «ladies boys» ou les «katoeys». On en compte près de 150 000 pour 63 millions d'habitants. Ces transgenres passent inaperçus. Elles sont intégrées comme dans aucun autre pays au monde.
La Thaïlande ou «le paradis des trans».
Crystal a grandi dans cet éden. Elevée avec des filles, ses cousines, elle s'est toujours «sentie femme». Mais elle ne se transforme qu'à l'université, une fois libérée de la pression familiale. Crystal se laisse alors pousser les cheveux. Elle met des jupes et des talons. Prend des hormones pour avoir de la poitrine et une voix plus douce. «Je suis devenue ce que j'étais vraiment», dit-elle. A la fac, ses profs ne disent rien, pas une réflexion désobligeante. Ils ont l'habitude. Dans les amphis, les ladies boys sont nombreuses. Mais les parents de Crystal - lui médecin, elle prof - sont très choqués. «Ils ont fini par me comprendre, assure Crystal. Ils ont vu que cela ne m'empêchait pas défaire une belle carrière. Aujourd'hui, nous avons de bonnes relations. J'ai la chance de vivre dans une société ouverte, très tolérante sur les questions de sexualité.» Comme elle, en effet, les katoeys sont généralement très bien insérées dans la société. Elles sont profs, médecins, attachées de presse, danseuses, coiffeuses... Elles exercent à la télévision, à la radio, au cinéma, partout. Certaines sont des stars. Comme Kru Lili, une professeur de thaïlandais très charismatique. Ou encore Helen, une productrice, directrice de casting et écrivain à scandale. Une brune, aussi délurée qu'élégante. Autre lady boy célèbre : Jacqueline, journaliste de 29 ans, présentatrice de shows, une femme avec des jambes de trois kilomètres, une taille de guêpe... Et puis il y a Toom, le champion de boxe, le héros des ladies boys : son histoire les fait rêver. Celle d'un petit garçon pauvre, fils de paysans de Chiang Mai, une province du Nord, qui devient à 16 ans la terreur du Lumpini Stadium de Bangkok, le ring de boxe thaïe le plus couru de Bangkok. Le cogneur au coeur tendre transgresse tous les codes. Avec l'accord de son entraîneur, il se maquille dans les vestiaires avant les combats. Le public est bouche bée. Toom, le boxeur au rouge à lèvres... Et au sexe de femme. Le petit champion s'est fait opérer à 17 ans. Une décennie plus tard, Toom se sent «femme à 100%, mais cela dépend du regard des autres». Elle entraîne aujourd'hui de jeunes boxeurs. Mais ne combat plus guère, à cause des hormones, qui l'ont affaiblie physiquement. Elle vit entre Bangkok et Chiang Mai avec sa fille - en réalité l'enfant de sa soeur. Dans le pays, tout le monde la connaît. Son itinéraire atypique a inspire un beau film, «Beautiful Boxer», réalisé par le Thaïlandais Ekachai Uekrongtham, primé au Festival de Berlin en 2004. «D'un point de vue occidental, l'histoire de Toom est incroyable, observe Philip Cornwel-Smith, un écrivain anglais installé à Bangkok depuis quinze ans (1). Mais les Thaïlandais voient la transsexualité différemment. Elle est moins taboue qu'en Europe. Ici, les relations entre les hommes et les femmes ont toujours été compliquées. Comme les femmes sont difficiles à séduire, les hommes se sont traditionnellement tournés vers d'autres hommes. Les katoeys jouent un rôle de gobetween entre les sexes.» Est-ce la raison de la visibilité des ladies boys ? La clé explicative de ce «paradis» ? Crystal, elle, évoque un autre facteur. Ici, dit-elle, les hommes ont un physique naturellement délicat, des os fins, une faible pilosité... Ils sont d'ailleurs souvent représentés sous des traits féminins dans la littérature et les arts. «En Thaïlande, la beauté est féminine, affirme -t-elle. Il est beaucoup plus facile qu'ailleurs pour les hommes de se transformer.» «Il n'y a pas un facteur unique, ajoute Prempeeda Pramoj, une jeune maître de conférences, spécialiste des questions du genre, elle-même lady boy. L'influence religieuse joue aussi un rôle important. Le bouddhisme est très tolérant sur les questions de sexualité.» En Thaïlande, les parents laissent donc souvent leurs enfants suivre leurs inclinations. Ils ne s'opposent pas à ce que les garçons qui «se sentent femme» prennent des hormones, souvent dès l'adolescence, pour transformer leur corps. Aujourd'hui, les jeunes ladies boys, élevées plus librement encore que leurs aînées, en prennent dès 12 ou 13 ans. Celles qui en ont les moyens changent ensuite de sexe. Depuis quelques années, les centres de chirurgie se multiplient.
Le Yanhee International Hospital est l' un des plus réputés. Il est situé dans un quartier résidentiel, à l'écart des temples touristiques. Au 5e étage, le département de «chirurgie sexuelle» ressemble à un grand appartement de série porno chic. Des infirmières en minijupe blanche passent et repassent en faisant claquer leurs petits talons. Sur les murs, des photos de ladies boys vantent les succès des opérations. Le docteur Greechart Pornsinsirirak, un petit moustachu, est l'un des quatre chirurgiens à pratiquer les «changements de sexe». Prix à payer : entre 6 500 et 7 500 euros. «Je fais aussi la poitrine, les sourcils, la voix...», annonce fièrement le médecin en montrant des images de trans opérés. Ses patients sont âgés de 16 à 65 ans. «Des adolescents de plus en plus jeunes viennent me voir. Moi, je refuse de les opérer, explique-t-il. Il faut être un peu mature pour prendre ces décisions. Mais d'autres hôpitaux n'ont pas ces hésitations. La chirurgie est devenue un vrai business.» Au paradis des trans, les ladies boys de 12 ans avec de faux seins sont de moins en moins rares...
Dans la rue, il est presque impossible d'identifier ces représentantes du troisième sexe, parfois plus belles que certaines femmes. Nong Film, la Miss lady boy 2007, une petite princesse de 17 ans, est un canon de beauté. Amp, une célèbre actrice de série télé, a des airs de Sophie Marceau... Plus d'un touriste s'est fait berner par ces copies plus que parfaites. Sur les forums de voyage, certains livrent leurs déconvenues. Et invitent à ne pas oublier ce proverbe thaï' : «Lorsque tu rencontres une belle femme, méfie-toi, c'est certainement un homme.» Crystal, elle, ne ment jamais sur son identité sexuelle. Elle drague les hommes en annonçant la couleur. Mais elle évite de tomber trop vite amoureuse. Elle sait qu'elle est «en concurrence avec des vraies femmes». Actuellement, elle est célibataire : l'amour n'est pas sa priorité du moment. La jeune directrice commerciale est débordée, elle n a pas le temps de penser a elle. Lorsqu'elle ne travaille pas à L'Occitane, elle anime une réunion de la Rainbow Association, une organisation de défense des homosexuels et des trans, ou bien rencontre des membres du gouvernement. Crystal est une militante, une porte-parole des trans, aujourd'hui très célèbre dans le pays. Son plus grand fait d'armes ? Son attaque lancée en juin 2007 contre le groupe Novotel. Motif : «On m'a refusé l'entrée de la boîte de nuit de l'hôtel de Bangkok, explique Crystal. Le réceptionniste m'a dit que mon physique ne correspondait pas au sexe de ma carte d'identité. C'est de la discrimination !» Face à une fronde médiatique, la chaîne d'hôtels a fini par présenter des excuses publiques à Crystal. L'incident a eu des effets spectaculaires : deux mois plus tard, la Thaïlande a changé sa Constitution. Depuis, le pays reconnaît, pour la première fois de son histoire, l'égalité des droits aux homos et aux trans. Crystal jubile. Elle jure de poursuivre le combat. Et la route vers l'égalité est encore longue. «Aujourd'hui, les ladies boys n'ont pas le droit de changer de titre, se révolte -t-elle. Sur nos papiers d'identité, on s'appelle officiellement monsieur. C'est un vrai problème pour voyager. On ne peut pas passer les contrôles de police ni devenir hôtesses de l'air... Pourtant ce droit existe au Japon, en Corée, en Indonésie, en Australie, en Nouvelle-Zélande...» Autre problème rencontré par les ladies boys : dans les campagnes, plus conservatrices que les grandes villes, certaines sont rejetées par leurs proches. Ces parias quittent donc très jeunes le foyer familial. Direction Pattaya, à deux heures de Bangkok, le repaire des trans, mais aussi des prostituées de tout genre. «Aujourd'hui, conclut Crystal, la face cachée de notre paradis, c'est ça : le grand marché du tourisme sexuel.»
La transsexualité dans l'Histoire (jusqu'à aujourd'hui)
En bref
A ceux qui voient dans les trans une dérive moderne, le comité IDAHO* rappelle que la transidentité a traversé tant les époques que les cultures. Ainsi des
Xaniths d’Oman, ces hommes parfumés et maquillés, ou des "masisis" d’Haïti, ces personnes de sexe masculin et de genre féminin, qui vivent à la marge de la société,
mais trouvent un espace de liberté dans les rites vaudous.
Certes, les mentalités se sont assouplies depuis Jeanne d’Arc à qui la justice
reprochait de porter l’armure et de s’habiller en homme, mais des progrès sont encore à faire, estime le comité IDAHO. Il réclame notamment que la transgression du genre soit "déclassifiée", en d’autres termes, qu’elle soit supprimée de la liste des maladies
mentales.
En France, cette classification remonte au XIXe siècle. Ajoutant à la réprobation religieuse, juridique et morale, la médecine avait alors décidé de faire de la transidentité une pathologie, nécessitant une prise en charge médicale.
Au niveau de l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), c’est en 1996 que le transsexualisme fait son entrée dans la classification statistique internationale des maladies et problèmes de santé connexes (CIM 10) au chapitre des "troubles de l’identité sexuelle".
Se refusant à être des "citoyens sans droits", les trans revendiquent également une meilleure reconnaissance civile. "Les papiers d’identité constituent la problématique la plus sensible", relève le comité.
Selon lui, seuls trois pays d’Europe (l’Estonie, la Hongrie et le Royaume-Uni) n’exigent pas l’opération chirurgicale pour accorder un changement de genre à l’état-civil.
Pour les autres, regrette-t-il, la moindre des formalités (passer la douane, retirer un recommandé, candidater à un emploi...) oblige les personnes concernées "à révéler leur transidentité, aspect fondamental de leur vie privée".
* IDAHO : International Day Against Homophobia and Transphobia
(source : Les Quotidiennes, 14-05-2009)

Pays d'émergence du phénomène transsexuel au début du XXe siècle, l'Allemagne réunit alors les conditions nécessaires à la mise en pratique des théories du Dr Magnus Hirschfeld sur les " intermédiaires sexuels ". Après le saccage par les nazis de l'Institut de Sexologie, la France prend le relais en Europe : l'artiste Michel-Marie Poulain raconte son changement de sexe dans Voilà et la déportée Marie André Schwidenhammer crée la première structure d'aide aux transsexuels. Ces deux pionnières posent ainsi les jalons d'une visibilité sociale qui atteint son apogée avec la culture cabaret transgenre à Paris dans les années 1950-60 lorsque les Français découvrent la scandaleuse Coccinelle. Cependant, même après la " libération sexuelle ", les pouvoirs judiciaires, policiers et psychiatriques mettent en place une répression en vue d'empêcher les transsexuels de changer d'état civil et de faire leur transition dans de bonnes conditions. Les années 80 sont marquées par la figure du Pasteur Doucé qui, avec son Centre du Christ Libérateur, œuvre à la politisation de la question transsexuelle. Son assassinat en 1990 entraînera la création d'un tissu associatif rassemblant transgenres et transsexuels dans la lutte pour la reconnaissance de leur dignité.
(source : Evene, repris par le blog de Natacha, Présidence Fondatrice de l'Association "Trans Ma Vie Mon Être")
Des exemples historiques
> Eon, chevalier hermaphrodite
> L'homme qui croyait être une fille ou la démence singulière d'un gentilhomme de Bigorre au XVIIe siècle. En 1725, un obscur gentilhomme de Bigorre meurt après s'être appliqué sur le sexe un « monstrueux appareil » destiné, dans son esprit, à le rendre conforme à ce qu'il croit être depuis l'enfance : une fille. Ce destin tragique – sans doute l'un des premiers que l'on puisse qualifier de transsexuel – nous est connu grâce au récit qui en est fait par l'un des chroniqueurs judiciaires les plus importants du XVIII e siècle, Gayot de Pitaval, qui lui consacre une notice dans ses Causes célèbres. (source : http://idemec.mmsh.univ-aix.fr/Axes-recherche/experiences-transgenres.pdf)
> L'histoire de Lily Elbe,
première "Transsexuelle" de l'Histoire à être opéré(e) bientôt au cinéma (avec Nicole Kidman)
L'histoire de Mademoiselle Rosette (1678-1725)
«M. V.., natif de Barège en 1678, passa de l'enfance à la mélancolie avec délire. A la folie près de se croire fille, il conservait l'usage de toute sa
raison; l'éducation paternelle ne le changea point. On l'envoya à Toulouse, où il prit le degré de bachelier en droit; il fuyait ses camarades, vivait dans la retraite, affectait d'être
dévôt, et tout cela pour convaincre qu'il était fille. |
L'histoire de Dumoret alias Mademoiselle Rosette a été étudiée par Sylvie Steinberg, dans son ouvrage La confusion des sexes; le
travestissement de la Renaissance à la Révolution (Fayard, 2001. Voir le forum
La Folie XVIIIème) et plus récemment par Alain Chevrier, dans Histoire de Mademoiselle Rosette : Testament cassé d'un homme qui croyait être une
fille (Gallimard, Collection «Le cabinet des lettres», 2007. Voir encore la présentation de l'ouvrage et la biographie de l'auteur sur le site Amazon.fr) :
l'histoire a été rapportée par le polygraphe François Gayot de Pitaval dans un des volumes de son recueil de Causes célèbres, paru en 1741.
source : http://psychiatrie.histoire.free.fr/traitmt/trans.htm
Une histoire d'aujourd'hui qui reflète « l'expression d'une souffrance »
Pendant près de deux ans, Stéphanie a réussi à faire croire à sa compagne qu'elle était… un homme.
Pour pouvoir se marier avec la femme qu'elle aimait, Stéphanie, une Vitryate de 23 ans, avait changé le sexe inscrit sur sa carte d'identité. La tromperie a été découverte. (source : L'Union, 29 octobre 2008)
Mariage non célébré : le jugement aujourd'hui
C'EST aujourd'hui qu'un transsexuel comparaît devant le tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne pour « faux et usage de faux en écriture publique, faux et usage de faux ».
Souvenez-vous du 7 juin dernier. Un mariage n'avait pu être célébré à la mairie de Vitry-le-François parce que le futur époux était en fait… une femme.
C'est en vérifiant le dossier de mariage du couple que Claudine Brocard, 5e adjointe au maire chargée des affaires générales, a découvert la tromperie. Le futur mari, Stéphane, 23 ans, n'avait
pas présenté les documents originaux, sa carte d'identité notamment, mais des photocopies. En la regardant d'un peu plus près, elle a constaté que la lettre M (= masculin) au bas de la carte
d'identité était plus petite que les autres. « Nous avons contacté la mairie de Thionville, en Moselle, où il était né, avait alors raconté le maire PS Jean-Pierre Bouquet dans nos colonnes le 8
juin dernier. Sur l'extrait original de l'acte de naissance que nous avons reçu, nous avons découvert que Stéphane était en réalité… une femme ».
« Une souffrance »
En tant qu'officier de police judiciaire, l'élu socialiste a aussitôt signalé cet acte délictueux à l'autorité judiciaire. Il a transmis la situation au procureur de la République de
Châlons-en-Champagne. Entendu par les gendarmes, le « futur époux » a reconnu les faits. Pendant près de deux ans, il a réussi à faire croire à sa compagne qu'il était… un homme. « Cette femme se
considérait comme un homme.
C'est la première fois depuis sa première élection à la mairie de Vitry-le-François en 1989 que l'élu socialiste s'est retrouvé confronté à une telle situation. Pour lui, cette histoire reflète « l'expression d'une souffrance ». Stéphanie Nicot, cofondatrice de « Trans Aide »*, association nationale transgenre créée en septembre 2004, suit de près cette affaire. Elle ne sera pas présente au tribunal correctionnel de Châlons-en-Champagne « pour des raisons professionnelles », mais prendra acte du jugement. Se tenant prête à monter au créneau…
* www.trans-aide.com
Etre transsexuel(le) au temps de Montaigne
Le pouvoir de l'imagination sur l'être humain et sa perception de la réalité
source : L'Union, 1er novembre 2008
Lors de son passage dans la cité rose, Montaigne a d'abord entendu parler de cette jeune fille, Mary, qui habitait Chaumont et qui s'était résolue à s'habiller, à travailler et à vivre comme un homme. Le transsexuel gagnait sa vie comme tisserand et se rendit à Vitry pour y trouver l'amour, sereinement. Il s'y maria avec une femme. Mais « l'époux » a vite été reconnu et fut condamné à être… pendu ! Le transsexuel préféra cette issue fatale que se remettre en état de fille. Montaigne entendit aussi beaucoup parlé de Marie qui jusqu'à 22 ans était considérée comme une femme. La Vitryate était néanmoins surnommée Marie la barbue car elle portait un peu de poils au menton. Un jour, en effectuant un gros effort en sautant, des organes génitaux masculins lui poussèrent. Elle fut alors considérée comme un homme et rebaptisée Germain par un cardinal de Châlons.
Montaigne est passé à Vitry le 10 septembre
1580.
Montaigne remarqua que cette histoire avait beaucoup marqué les esprits : les jeunes filles conseillaient de ne plus accomplir de grandes enjambées de peur qu'elles ne subissent le même sort.
Une anecdote qu'a reprise Montaigne dans ses Essais pour expliquer le pouvoir de l'imagination sur l'être humain et sa perception de la réalité.
Note de caphi : Aujourd'hui, à de rares exceptions, on ne pend plus les transsexuel(le)s mais, plus de 5 siècles après Montaigne,
elles-ils sont encore discriminé(e)s et quelquefois battu(e)s par des individus qui se réfèrent à des lois plus ésotériques que naturelles. Ostracismes et chasses aux sorcières sont encore bien présentes de nos jours et l'évolution en matière politique est encore bien lente, même dans le pays des
Lumières.
[tribune] La passion transsexuelle
Directement concernée par le sujet, car elle-même transsexuelle, Rachel Pollack nous explique que la transsexualité est un acte de foi, une passion pour une identité plus profonde que celle déterminée par l'anatomie.
par Rachel Pollack *
source : L'économiste ("premier quotidien économique du Maroc"), 28 janvier 2011
Depuis toujours, et dans pratiquement toutes les cultures, des hommes et des femmes ont choisi
d'adopter le comportement du sexe opposé, de changer de sexe en allant jusqu'à modifier leur corps. La transsexualité est une révélation spirituelle qui les pousse à affronter
les conventions sociales et à surmonter les obstacles physiques pour se réaliser enfin.
La transsexualité est la manifestation contemporaine d'un désir et d'une pratique qui remontent à la nuit des temps. Depuis toujours, et dans pratiquement toutes les cultures, des hommes
et des femmes ont choisi d'adopter le comportement du sexe opposé, de changer de sexe en allant jusqu'à modifier leur corps.
Dans la mythologie homérique, Aphrodite est la déesse de l'amour. Mais ses fidèles la désignaient également par le mot «hermaphrodite», une contraction des noms d'Hermès (un dieu
phallique) et d'Aphrodite. Et l'apparition même de cette déesse suggère un héritage transsexuel. Hésiode raconte qu'Ouranos (Uranus), le dieu du ciel, devenu tyrannique, opprimait son
épouse Gaïa (la Terre mère) et tuait leurs enfants. Gaïa créa une faucille et la donna à son fils Chronos (Saturne), qui s'en servit pour émasculer son père, jetant les organes mâles à la
mer. Aphrodite émergea alors de l'eau, la femme idéale. Ce qui différencie les transsexuels d'aujour-d'hui des fidèles d'Aphrodite ou de Cybèle, c'est surtout la technologie médicale. Le
premier pas pour les transsexuels est l'hormonothérapie. (...) la
suite ici
Rachel Pollack (Etats-Unis)
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* Rachel Pollack est l'auteur de 17 ouvrages, dont «Unquenchable Fire», primé aux Etats-Unis. Son prochain livre, «The Body of the Goddess», une étude de la religion préhistorique vue au travers du corps de la femme, sortira début 1997. En 1992, elle a plaidé la cause des transsexuels devant le Conseil de l'Europe, à Strasbourg. Née de sexe masculin, Rachel Pollack vient de fêter les vingt ans de sa vie de femme.
LIRE AUSSI > HISTORIQUE ET ETHNOLOGIE DE LA TRANSSEXUALITE ET DU TRAVESTISSEMENT (de -1490 avant J.C. jusqu'à aujourd'hui)
Qu'est-ce que la Transphobie ?
La transphobie renvoie à l'aversion envers le transsexualisme et envers les personnes transsexuelles
ou transgenre.Le comportement
discriminatoire ou intolérant peut être direct (agressions, viols, ou meurtres) ou indirect (discrimination à l'embauche, au logement, ou encore à
l'accès aux traitements médicaux).
Un dossier de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Sommaire |
Violences physiques
En 2000, la Commission contre les crimes de haine par homophobie recensait à peu près 15 assassinats de transsexuels par mois au Mexique[1].
Des transsexuelles sont arrêtées arbitrairement au Venezuela en 2002, alors que par ailleurs d'autres transsexuels sont assassinés[2].
Amnesty international dénonce en 2005 des violences policières exercées sur des transsexuels aux États-Unis d'Amérique[3].
Au Portugal en 2006, une transsexuelle brésilienne fut torturée et violée, puis abandonnée dans un puits, où elle mourut[4]. La non-incrimination de meurtre a provoqué plusieurs réactions de la part des organisations homosexuelles, relayées par les médias.[5]
Les violences sont souvent liées aux discriminations dont sont victimes les transsexuels : sans emploi ou en situation précaire, visibles, vulnérables, certaines personnes deviennent des cibles faciles pour les actes de violence.
Discriminations
Il est parfois difficile pour des transsexuel/les de trouver un emploi lorsque le sexe donné par les papiers d'identité ou la carte de sécurité sociale ne correspond pas à l'apparence de la personne[6]. Si des lois contre la discrimination sont passées dans la Communauté européenne, dans plusieurs pays, de tels dispositifs législatifs n'existent pas.
Les personnes en transition dans leur changement de sexe peuvent aussi susciter le rejet dans leurs démarches. Les transsexuels subissent aussi souvent l'homophobie de personnes qui confondent le transsexualisme avec l'homosexualité. Les disctriminations sont souvent liées aux préjugés sur les transsexuels.
Elle peut aussi prendre la forme d'un refus d'accepter l'expression de l'identité de genre de ces personnes. Des féministes non-mixtes ont exclu des femmes de certains groupes, ou leur ont refusé l'accès à certaines manifestations parce qu'elles étaient de sexe masculin à la naissance (au Festival de musique féminine du Michigan, dans les années 1990[7], ou dans un bar lesbien de Paris en 1999[réf. nécessaire]).
De même, des transsexuels et des transgenres ont pu ressentir de la transphobie de la part d'homosexuels qui les rejetaient parce qu'ils ne les considéraient pas comme des hommes (qu'ils soient MtF ou FtM).
Transphobie psychiatrique
Dans leur appréhension du transsexualisme, certains psychiatres qualifient le transsexualisme au mieux de syndrome (tel qu'enoncé par le sexologue Harry Benjamin) ou encore de psychose[8], une généralisation souvent vue comme insultante et pathologisante[9].
Dans les années 1980, certains psychanalystes assimilaient l'opération de changement de sexe à une simple castration et allaient jusqu'à parler d'"eunuques". Ils en concluaient que les transsexuels étaient des "monstres" après leur opération, et qu'ils devaient être psychotiques pour la désirer.
Les transsexuels peuvent aussi se voir refuser un traitement hormonal lorsque leur demande ne correspond pas à la vision que leur médecin a du transsexualisme[10].
Nombre de transsexuels fulminent devant le protocole officiel, crée par les Dr Cordier, Chiland et Gallarda. Selon eux, les équipes officielles sont transphobes et une transition faite dans le protocole conduit inévitablement à l'abattoir [sic].
Références
- ↑ ILGA
- ↑ OMCT
- ↑ ASB
- ↑ TGEu
- ↑ BBC Brazil
- ↑ Vacarme
- ↑ Étude d'Aaron Devor
- ↑ Article de Pierre-Henri Castel
- ↑ Trans-aide
- ↑ Dictionnaire de l'homophobie, PUF, 2003, article « Transphobie », p. 408
Voir aussi
Bibliographie
- Viviane K. Namaste, Invisible Lives, The Erasure of Transsexual and Transgendered People, Chicago, Chicago University Press, 2000.
- Pat Califia, Le Mouvement transgenre, changer de sexe (1997), Paris, EPEL « les grands classiques de l’érotologie », 2003.
- Marie-Hélène Bourcier, Sexpolitiques, La Fabrique, 2005.
- Transgender Rights, University of Minnesota Press, 2006.
- Alexandra Augst-Merelle et Stéphanie Nicot, Changer de sexe : Identités transsexuelles, préface de Martin Winckler, Le Cavalier bleu, 2006.
Liens internes
- Association du Syndrome de Benjamin
- Boys Don't Cry
- CARITIG
- Existrans
- Homophobie
- Lesbophobie
- PASTT
- Transsexualité en Iran
- Trans Aide
Liens externes
- (fr)Veille Internet Transsexuel/lE
- (en)Réseau transgenre européen
- (fr)Celles dont le GÉNOCIDE indiffère les uns et réjouit les autres.
- (fr)Vjeran Miladinovic, mieux connu comme le travesti Merlinka, a été assassiné à Krnjaca, dans les faubourgs de Belgrade, le 22 mars 2003 de l'an dernier.
LIRE AUSSI >
. «Les trans sont des cibles aisées» "La transphobie est la problématique la plus criante et la plus ignorée des questions LGBT" Interview de Louis-Georges Tin, à l’origine de la Journée mondiale de lutte contre l’homophobie dans Libération (15 mai 2009)
. Transphobie : les diagnostics psychiatriques jouent un rôle non négligeable
Choses dîtes...
(sans commentaire)
Badinter Elisabeth (écrivaine)
« Psychotiques, rétifs à tout traitement psychanalytique, ou “ curieuse erreur de la nature ”, les transsexuels adultes demandent le changement de sexe pour
être en paix avec eux-mêmes. »
Elisabeth Badinter, XY. De l'identité masculine, Odile Jacob, Paris, 1992, p. 70
Garraud, Jean-Paul (magistrat, député UMP de Gironde)
Jean-Paul Garraud, in Action Universitaire (1ère édition sur le site de l'UNI), entretien du 14 novembre 2004.
Lestrade, Didier (fondateur d'Act-Up et de Têtu)
« Dans le petit milieu parisien, tout le monde a entendu parler de ces gays qui ont récemment décidé de devenir des femmes. Ce que je veux dire, c'est que
dans le transgenre et tout ce qui va avec, il y a des personnes qui se persuadent facilement que rejoindre le sexe opposé résoudra leurs problèmes. La quête de l'identité est devenue un
passe-temps. Si cela les occupe un certain nombre d'années, je redoute le fait qu'une fois l'objectif atteint, ils ne soient pas plus satisfaits qu'avant.(...) Le pire qui me fut donné de voir,
c'est cet atroce film de Titan, Cirque noir, où des mecs baraqués commencent une scène de sexe, bientôt rejoints par un autre mec baraqué qui, pour une
raison étrange, garde son pantalon – ce qui est assez rare dans la pornographie. Plus tard il finit par se déshabiller et on découvre, horreur, que ce mec viril a un vagin. Quand j'ai vu
ça l'effet a été tellement débandant que je n'ai pas pu me branler pendant trois jours ».
Didier Lestrade, Cheikh – journal de campagne, Flammarion, 2007, page 113.
Majster, Nathanaël (magistrat)
« L'enfant sera ainsi né d'un individu, son père, qui sera devenu une femme, ce qu'un tribunal atteste, sans que la douleur, le désarroi de l'enfant devant
cette scène d'horreur, ne fasse réfléchir ni reculer. »
Nathanaël Majster, cité par Marcel Czermack (Psychiatre), Comment ne pas être déprimé, Journal français de Psychiatrie n° 8.
Mc Doom, Vincent (mannequin et animateur TV)
« Les transsexuels sont des chauve-souris qui n'aiment pas se montrer au grand jour. »
Vincent Mc Doom, in Tuner (site d'information indépendant sur les médias), propos recueillis par Fabrice Staal, le 30 mars 2007.
Nabe, Marc-Édouard(écrivain)
« Tous ces noirs mal blanchis me font penser à ces travelos hermaphrodites horribles, ces transsexuels immondes qui, après « l’Opération », se retrouvent ni
hommes ni femmes, ni bête ni rien »
Marc-Édouard Nabe, Au régal des vermines, Le Dilettante, 2006.
Pettiti Louis-Edmond (magistrat)
« Le système de mise à l'épreuve pour un contrôle médical s'impose. Le vrai transsexuel l'accepte et admet en même temps un contrôle psychiatrique. Le sujet qui
n'est pas un vrai transsexuel veut accélérer le passage à l'opération. »
Louis-Edmond Pettiti, Les Transsexuels, PUF, Que sais-je ?, 1992
source : Trans Aide
Transphobie & Discriminations > A qui signaler les faits?
http://www.cncdh.fr/article.php3?id_article=336
http://www.halde.fr/Contact.html
> VELA (Collectif pour informer et témoigner sur les discriminations envers les lesbiennes, les gays, les
bis, les trans et les intersexes ainsi que pour organiser des actions contre ces discriminations) -
http://vela.over-blog.com
Michelle Blanc se confie sur la transphobie en voyage
Un véritable parcours qu'a vécu Michelle Blanc. Montréalaise, spécialiste en marketing web et transsexuelle, cette dame parcourt le monde malgré cette différence marquante qu'est l'identité du genre. (source : touristiquementgay.com, 19 octobre 2010)
Michelle Blanc. Photo : ©OSA IMAGES.
L'article « Transphobie en voyage », publié lundi par Touristiquement Gay, a suscité de nombreuses réactions. Afin de bien comprendre la réalité des femmes et des hommes transsexuels, nous avons rencontré Michelle Blanc.
Montréal - Née sous le nom de Michel Leblanc, Michelle Blanc est aujourd'hui mondialement connue pour les questions de stratégie et de marketing web. Riche en contenu, son blogue pousse les gens à mieux comprendre et adapter leurs entreprises aux médias sociaux. Avec son livre « Les Médias sociaux 101 », on y retrouve certains de ses billets du blogue et elle documente les changements majeurs que le Web apporte à notre quotidien. Michelle Blanc s'est surtout fait connaître par les Québécois lors de son passage à la populaire émission Tout le monde en parle en novembre 2008. Depuis, madame Blanc a vécu de nombreuses menaces de morts et de messages haineux. Tout ça à cause de sa transsexualité.
Touristiquement Gay relatait plus tôt cette semaine les difficultés que pouvaient vivre les personnes transsexuelles en voyage.
« C'est une véritable angoisse qui commence ». C'est un fait. Plusieurs problèmes se posent lorsqu'une transsexuelle décide de partir en voyage. Dès l'entrée aux douanes, plusieurs questions sont demandées. Il est encore plus ardu lorsque l'on entre dans certains pays des Caraïbes ou villes américaines. Lorsque Madame Blanc arrive à une douane de Paris « il n'y a pas trop de problèmes, ni de niaisages. J'ai seulement à montrer mes papiers de ma chirurgienne ».
Le fait est qu'il devient inconcevable pour Madame Blanc d'aller dans certains pays musulmans. Dans ces pays, l'homosexualité est passible de peine de mort, mais faut-il encore le prouver. Pour une transsexuelle, une certaine évidence est clairement identifiable. Une transsexuelle meurt pour des raisons de différence à tous les trois jours dans le monde.
Transphobie en vacance : une réalité
L'un de ses pires voyages a été celui à Key West aux États-Unis. Réputer pour être une destination gay friendly et d'ouverture, il en était tout autrement pour elle. Tout au long de sa visite, Madame Blanc a vécu bon nombre de mépris et d'injures verbales de la part de la population locale. Est-ce parce qu'elle a été hors de la saison touristique ? Comment une transsexuelle peut etre renseignée sur l'ouverture d'une destination à cette différence lorsque même une destination s'affichant gay friendly affiche un mépris.
Que ce soit dans les rues, dans un bar, dans un restaurant et même à l'hôtel, des situations difficiles peuvent survenir sans prévenir. Regards malsains, ignorance et dégoût, ce ne sont que quelques mots qui résume ce que peut vivre madame Blanc lors de ses nombreux voyages à l'étranger.
Même dans un Club Med gay il devient parfois difficile de se sentir parfaitement accepter. Dans les Îles Turquoises, elle se souvient que le Club Med comptait environ 70% du personnel ayant un comportement adéquat avec elle, mais que le 30 % restant étant très inconfortable fasse à sa transsexualité.
Des raisons culturelles et religieuses font souvent en sorte que les gens posent des jugements sur la condition des transsexuelles. Dans bon nombre de pays, les femmes sont à la base, des gens considérés inférieurs. Imaginez lorsqu'une personne est transsexuelle. L'image de la transsexuelle prostituée est encore bien présente dans toutes les cultures du monde. Même dans les pays industrialisés.
Les lois oubliées pour les transsexuelles
Heureusement qu'il y a des mouvements politiques qui font pression sur les gouvernements pour que les choses changent. Au Canada, ces mouvements se font encore timides. L'identité du genre ne
fait pas encore partie des crimes haineux. Cela veut donc dire que si une transsexuelle se fait suavement assassiner pour cause de différence, l'agresseur ne sera pas jugé pour un crime
haineux.
Le Canada veut changer cette politique et inclure aux crimes haineux, ceux sur l'identité de genre. Mais encore il faut qu'il passe au gouvernement fédéral. Ayant un gouvernement conservateur, beaucoup de travail est à faire pour passer des changements de ce genre.
Ce projet de loi est rendu en troisième lecture. Le NPD, le Bloc Québécois et le Parti libéral du Canada confirment qu'ils adopteront cette loi.
L'éducation, des lois claires et une culture plus ouverte ne feraient qu'aider les transsexuelles à voyager.
lien de l'article : http://www.touristiquementgay.com/actualites/homophobie/michelle-blanc-se-confie-sur-la-transphobie-en-voyage
. [tribune] On tue des trans’. Dans le silence ? (novembre 20009)
. [action] Pour une défenseure des droits humains des personnes transgenres (Amnesty International)
. 20 novembre : journée internationale en mémoire des victimes transgenres
. Documentaire : "L’ordre des mots" de Mélissa et Cynthia Arra (2007) : six témoignages de personnes en quête de reconnaissance d'identité
La Transidentité et les medias
Il y a, dans notre communauté, quelques personnes, la tête bien assise sur les épaules, qui se battent pour permettre à celles et ceux qui ne
peuvent que se cacher en raison de leur différence de vivre celle-ci au grand jour. Je souhaite vous faire partager cet article de Karinne Solène Espineira que je trouve fort intéressant dans
le sens où il exprime la manière dont les médias véhiculent des images négatives, fausses, abusives et parfois violentes (cf. "Myriam et les garçons") de notre communauté. Bonne lecture
!
La Transidentité et les medias
Par Karine Solène Espineira
Un cadre et un contexte propices à la discrimination
En 2004 et 2005, différents groupes de personnes transgenres et transsexuelles se sont constitués en association ou en collectif avec la volonté de s’imposer dans l’espace public, d’êtres visibles et intelligibles, de provoquer du débat hors des cabinets de psychiatrie. Le transsexualisme a donné lieu à des émissions de télévision tout au long de ces 20 dernières années, à des études écrites qui permettent à des érudits rationalistes de se proclamer expertEs en la matière et nous faire partager leur crise des certitudes.
Notons qu’en l’absence de reconnaissance sociale, de l’existence d’un groupe Trans., la transphobie n’existe pas, semble t’on dire. On ne pourrait donc discriminer ce(ux) qui n’aurai(en)t pas de substance !
Emissions de débat, documentaires ou films montrent la Transidentité avec plus ou moins de clarté, de souci pédagogique ou humain ; le thème est spectaculaire dans sa nature même : un homme devenu femme ou l’inverse ! Ce n’est pas banal comme sujet de questionnement moral ou philosophique, social ou religieux, psychologique ou psychiatrique à en croire l’intérêt de Colette Chiland, Patricia Mercader ou Pierre-Henri Castel pour ne citer qu’eux.
La Transidentité doit-elle se montrer, s’expliquer et se légitimer sur des plateaux de télévision ou bien doit-elle être moquée sur l’autel du divertissement ?
Transphonies et Transphobie, Mission impossible
Nous avons recueilli des centaines d’impressions, de points de vue, d’opinions qui nous font penser qu’expliquer la Transidentité au grand public en l’état du débat est peu ou prou une mission impossible. Face à cette difficulté, nous avons observé une militance du sans voix, dans la première génération (années 80-90) à quelques exceptions près, laquelle butait contre le mur d’une politique de l’identitaire la ramenant toujours à un « trans-sexualisme ».
Un peu comme s’il n‘était même plus nécessaire d’obliger une personne à mettre une étoile jaune, ou un triangle rose ; c’est la victime qui se désigne, le prisonnier qui s’enferme, le discriminé qui s’exclut.
A ce petit jeu, c’est le tortionnaire qui gagne à tous les coups.
La nouvelle génération pose : trans’ et fière de l’être et rompt avec l’engrenage de la victimisation.
Les trans’ sont des monstres pour certains, des fous pour d’autres, entre ces deux visions on trouve toutes sortes de qualificatifs recueillis sur des années de « micro trottoirs » sur la scène du réel jusque dans les émissions de télévision :
...des vicieux, des pédés, des dingues, des homos refoulés, des enculés, des marginaux aux marginaux eux-mêmes, des êtres qui souffrent, des exclus, des gens bizarres, des machins, des castrés, des travelos, des choses, des bidules, des phénomènes de foire, des êtres humains en détresse, des erreurs de la nature, des êtres fascinants, des femmes ambiguës...
Pour ce qu’il faudrait faire d’eux, quelques exemples :
...les tabasser, les tuer, les exterminer, les aider, les accepter, les comprendre, les intégrer...
Ces propos ne sont en rien le fruit de notre imaginaire mais bien d’une collecte de longue haleine effectuée sur des chantiers, des cours d’école, des bancs universitaires, des administrations, et issus d’un plombier comme d’un ingénieur, d’une maîtresse de maternelle comme d’une secrétaire de la sécurité sociale, d’un père de famille comme d’un célibataire, d’une lesbienne comme d’une hétérosexuelle notoire, au lendemain d’une émission, d’un film, d’un documentaire.
Tous les âges, toutes les catégories socioprofessionnelles, tous les sexes et attirances affectives possibles pour si peu de termes, si évocateurs.
Mais il faut heureusement noter que là où certains ont dit “ pédés ” ou “ enculés ”, d’autres ont parlé “ d’homos refoulés ”, que là où on s’est exclamé “ les accepter ”, d’autres ont précisé “ les intégrer ”.
Cependant, cela n’empêche personne de croire que les conditions de vie se sont améliorées pour ces personnes, même si l’ombre de la prostitution ou de l’agression plane toujours sur eux. En résumé : si l’on voit des émissions sur les transsexuels, cela ne peut qu’améliorer leur sort pour les uns, c’est dangereux et ça peut créer des vocations pour les autres ; un choix, un courage incroyable, expressions qui côtoient abominations, horreur intégrale ou encore boucherie.
Mais comment expliquer le silence, la mutité jusqu’au sans fond ?
Le transsexualisme télévisuel : l’invention d’une Transidentité ?
A partir de l’échantillon (précisé en Sources), nous avons dégagé un certain nombre d’étapes relatives au traitement du sujet dit transsexuel sur les plateaux de télévision, de la Transidentité dans les documentaires. Comment présenter et montrer une personne dite trans’, comment décrire et narrer un état de Transidentité ?
Que disent-elles (les personnes concernées, amiEs et familles), que disent-ils (journalistes, animateurs, juristes, médecins, l’homme de la rue) ? Les mises en scène détiennent-elles les clés des dénotations et des connotations qui forment le parti pris de la compréhension et des rejets, de jugement émotionnel et/ou de la conscience réflexive ?
Comment se conclut une telle approche dite informative et non iconographique à raptus émotifs ? Où se trouve la parole dans l’image ? Sacrilège ou voyeurisme,
Violence des images ou de la parole ? Que reste-t-il de cette narration de l’impossible ? Le silence de l’image pour la lumière de la voix, la réflexion contre l’émotion, mais est-ce vraiment cela que vous voulez ? rétorqueraient certaines de ces personnes que l’on ne sait où mettre, dont on ne sait que faire et quoi leur dire.
Myriam et les garçons ou comment jeter les trans à l’opprobre publique
Un synopsis
Tout récit a un scénario, une trame, un fil conducteur, une histoire écrite d’avance en somme. Celle de cette émission reprend l’idée de la tromperie et du mensonge. « There’s something about Miriam » (2004) de la chaîne Sky One qui ne l’oublions pas est un reality show ; un jeu à la Crying Game reprendront les tabloïds britanniques.
Pour expliciter, imaginons un jeu tel que Marjolène, une bachelorette draguée par six jeunes gens, qui se révélerait être à la fin du jeu, un homme. Car la pétillante Miriam est une jeune transsexuelle mexicaine pré-op (avant opération). Les candidats ont assigné avec succès la chaîne en justice, voulant interdire la diffusion d’une émission les ayant humiliés selon leurs avocats, certains affirmeront même avoir subis un traumatisme grave ; ils avaient en effet embrassé Miriam.
Le synopsis transmit par TF6 est le suivant :
Avec Myriam et les garçons, TF6 propose de découvrir un Bachelorette d’un genre nouveau. Tous les ingrédients de ce programme de télé-réalité sont réunis : une belle maison, une fille superbe, Myriam, et 6 garçons prêts à tout pour la séduire.
Mais Myriam a un énorme secret que seuls ses prétendants ignorent : Myriam est une fille différente des autres. Myriam est en fait... un homme.
Les sites Internet reprennent l’information ainsi, extraite :
Myriam et les garçons" arrive sur TF6 avec Vincent McDoom TF6 lance un programme Real Tv qui a déjà fait parler de lui "Myriam et les garçons", une sorte de "bachelor transexuel" présenté par Vincent Mcdoom à partir du mercredi 8 mars à 22h20. Myriam cache un "détail".
L’émission de télé réalité sulfureuse Myriam et les garçons arrive sur TF6...
C’est le mercredi 8 mars à 22h20 que débute la diffusion de ce concept ( la version originale et non une déclinaison française ) Ce, durant six semaines. C’est Vincent Mc Doom qui présentera chaque semaine en début d’émission ce qui attend les télespectateurs de TF6.
Diffusée en 2004 sur Sky One, en Grande-Bretagne, l’émission a engendré pas mal de réactions...
Tous les ingrédients de Bachelorette sont là : 6 beaux garçons prêts à tout pour séduire une jolie fille dans un cadre idéal ( villa de luxe, piscine...) Durant deux semaines...
Le hic : les garçons ignorent que Myriam a un détail que n’ont pas habituellement les demoiselles...Les prétendants ignorent tous que Myriam est un homme...
Une simple recherche Google© donne une idée de ce qui se dit déjà sur les forums et les plaisanteries qui ne sont pas méchantes, dit-on généralement avec condescendance, commencent à s’exprimer. Il ne faut pas sous-estimer ces gentilles « blagues » pas plus que celles sur les étrangers ou les femmes lorsque la frontière avec xénophobie et sexisme sont si minces...
Le cinéma s’était fait les dents sur les homosexuels dans les années cinquante, représentés en général comme des psychopathes veules et meurtriers. La Transidentité connaît le même phénomène malgré quelques films « amicaux »...
On sait que les violences verbales et physiques trouvent souvent leur origine dans les représentations stigmatisantes qui infériorisent l’Autre à travers des caractéristiques physiques et morales négatives. L’histoire est un récit plein des cris et de fureur pour reprendre Shakespeare, certes mais aussi pleine d’erreurs. Notamment celle d’accepter qu’une partie de la population puisse discriminer une partie de ses membres pour des questions ethniques, sexuelles ou d’expressions d’identité de genre... Les bonnes raisons n’ont jamais manqué, les atrocités inhérentes non plus...
« Imaginons une belle Villa et six garçons antisémites et une fille qui a un secret... elle est juive ! Imaginons une belle Villa et six garçons très légèrement xénophobes et une superbe jeune femme et il se trouve que son père est noir ! »... Ces exemples sont déplaisant à écrire. La perspective qu’un tel scénario soit possible fait frissonner de dégoût et d’effroi à la fois.
Pour les personnes trans’, tel est l’enjeu. Etre une nouvelle fois moquéEs et jetéEs à l’opprobre publique.
Un fait qui vient tout juste de se produire au Portugal :
Gisberta, immigrante brésilienne, transsexuelle, séropositive, toxico-dépendante, prostituée et sans-abri, a été retrouvée morte le 22 Février 2006 au fond d’un puits plein d’eau, profond de dix mètres, dans un bâtiment inachevé de Porto la seconde ville du Portugal. Le crime a été avoué par un groupe de 14 garçons mineurs de 10 à 16 ans, la plupart d’entre eux faisant partie d’une institution d’accueil pour mineurs, financée par le système public de protection sociale mais sous la responsabilité de l’église catholique.
A la suite de cet aveu, les détails de cet acte terrible ont été découverts. La victime était dans un très mauvais état de santé, et était fréquemment persécutée par les garçons, victime d’insultes et d’agressions. Le 19 février, un groupe de ces garçons est entré dans l’édifice inachevé et abandonné où Gisberta passait les nuits, l’a ligoté, l’a bâillonné, et l’a agressé avec une extrême violence à coups de pieds, de bâtons et de pierres. Le groupe a aussi avoué avoir introduit des bâtons dans l’anus de Gisberta, dont le corps présentait des blessures importantes dans cette partie, et l’avoir abandonee dans ce local. Le corps présentait également des marques de brûlures de cigarettes.
Les 20 et 21 février, ils sont revenus au local et ont de nouveau pratiqué les agressions. Le matin du 21 au 22 Février, il ont finalement jeté le corps de Gisberta dans le puits afin de tenter de masquer leur crime. L’autopsie déterminera si à ce moment la victime était encore vivante ou non. Le fait que le corps ne flottait pas, mais gisait au fond de l’eau du puits semble indiquer qu’elle serait morte par noyade.
En mars 2005, c’est Mylène, transsexuelle de 38 ans qui a été retrouvée morte décapitée à Marseille, émasculée et criblée de coups de coups de couteaux. Les détails de ces crimes sont si forts qu’il est difficile d’en donner tous les détails et la perspective des souffrances endurées par ces personnes donne la nausée
L’oppression que vivent les personnes trans’ est quotidienne dans une société où n’existent que deux sexes sociaux. L’insulte est monnaie courante, pourtant la discrimination de genre a été rejetée par la HALD sous prétexte que nous étions hommes ou femmes à l’arrivée. Mais qu’advient-il des personnes dont le physique interdit l’anonymat, des personnes qui ne peuvent et/ou ne souhaitent pas l’opération, des personnes qui ne peuvent pas changer leur état-civil ?
La discrimination en dit long sur ces états de fait au sein d’une société qui se dit en progrès et dont quelques têtes pensantes n’hésitent pourtant pas à parler d’hérésie en ce qui concerne les transidentités.
Ces “ têtes ” ne pèsent-elles pas le poids de leurs propos ? Nous connaissons quelqu’un chez nous, en France, qui parle de races inférieures, et d’autres se sentent alors autorisés à jeter un Maghrébin dans la Seine. Remarque et comparaison exagérées ? Sûrement pas, pour celui qui est allé rencontrer les personnes dites trans’ dans leur quotidien, dans la réalité qui leur est imposée et que le psychiatre n’appréhendera jamais depuis son cabinet confortable et bien chauffé.
Rien ne justifiera jamais une vie sacrifiée sur l’autel du divertissement et en tant qu’universitaire en science de l’information et de la communication et femme trans’ je m’interroge : accepter ! Et au nom de quoi ?
Karine Solène Espineira
Chargée de communication Directrice de l’association trans’ Sans Contrefaçon à Marseille
Entre autres sources : Et il voulut être une femme, de Michel Ricaud . Lechoix, d’Anthony Page . Les Dossiers de l’Ecran : D’un sexe à l’autre : Elle ou Lui ?, Antenne 2 . Reportages : D’un sexe à l’autre, TF1 . En Quête de Vérité, TF1 . Prostitué(e)s, de Mireille Dumas . Envoyé Spécial : Les femminielli, France 2 . Bas les Masques, France 2 . Tout est possible, TF1 . Thema, ARTE : Gare aux transsexuels (Transsexual Menace), de Rosa Von Praunheim ; I Don’t Wanna be a boy, d’Alec Behrens et Marijn Muyser ...
Emissions de télévision
LE DROIT DE SAVOIR : Faits divers, « Camille et Monica, le mariage interdit d’un couple transsexuel, TF1, mercredi 15 juin 2005.
ON NE PAS PLAIRE A TOUT LE MONDE, présence de Camille et Monica, émissionanimée par Marc-Olivier Fogiel et Guy Carlier, France 3, dimanche 1er mai 2005. LE JOURNAL DE LA SANTE, La Transsexualité, émission présentée par Michel Cymes et Marina Carrères d’Encausse, France 5, jeudi 14 avril 2005. J’Y VAIS, J’Y VAIS PAS ?, Comment assumer mon identité sexuelle ?, émission présentée par Valérie Benaïm, France 3, novembre 2004. ÇA SE DISCUTE, Sexualité : comment assume-t-on son ambiguïté ?, émission de Jean-Luc Delarue, France 2, octobre 2004. LOLA-MAGAZINE FEMININ, Le désir d’être femme, présentée par Lio, Arte, août 2004. C’EST QUOI L’AMOUR, Homme, Femme ! Peut-on être les deux à la fois ?, émission animée par Carole Rousseau, TF1, avril 2004. VIE PRIVEE, VIE PUBLIQUE, Des couples pas comme les autres, invitée Andréa Colliaux, France 3, 2003. THEMA ARTE, XXY Enquête sur le troisième sexe : Les hermaphrodites, univoque, équivoque, documentaire d’Ilka Franzmann, Allemagne, 2002 ; Le mythe de l’hermaphrodite, documentaire de Thomas Schmitt, Allemagne, 2002 ; Southern Comfort, documentaire de Kate Jones-Davis, Etats-Unis, 2000 ; Arte, 2002. C’EST QUOI L’AMOUR ?, Troubles de l’identité sexuelle, émission animée par Carole Rousseau, TF1, décembre 2001. CE QUI FAIT DEBAT, émission de débat en direct présentée et animée par Michel Field, France 3, 2001. LE DROIT DE SAVOIR, Planète Transsexuelle, Enquête sur le 3e sexe, TF1, 2001. ÇA SE DISCUTE, Transsexuels, hermaphrodites, travestis, androgynes : commentvit-on la frontière ?, Emission de Jean-Luc Delarue, France 2, 2000. THEMA ARTE, Je est un(e) autre : Transsexual Menace, de Rosa Von Praunheim,1996 ; I Don’t Wanna be a boy, d’Alec Behrens et Marijn Muyser, 1995 ; Finishing School, Kate Jones-Davies, 1995 ; Arte, 1998. ENVOYE SPECIAL, Les femminielli, magazine de Paul Nahon et Bernard Benyamin,France 2, 1996. BAS LES MASQUES, Je suis né(e) dans la peau d’un autre, émission de Mireille Dumas, France 2, 1996. TOUT EST POSSIBLE, présentée par Jean-Marc Morandini, invitée Christelle J., 1996. TOUT EST POSSIBLE, J’ai changé mon corps, invitée : Gina Noël, présentée par Jean-Marc Morandini, 1994. BAS LES MASQUES, Je ne suis pas celle que vous croyez, émission présentée par Mireille Dumas, 1993. FRANÇAIS SI VOUS PARLIEZ, Je me travestis, et alors ?, émission animée André Bercoff, 1993. REPORTAGES, D’un sexe à l’autre, Magazine de Michelle Cotta et Henri Chambon, TF1, 1992. EN QUETE DE VERITE, Emission présentée par Jean-Pierre Foucault, TF1, 1992. LES DOSSIERS DE L’ECRAN : D’un sexe à l’autre : Elle ou Lui ?, d’Armand Jammot, Antenne 2, 1987. SPECIAL TRAVERSES, Le corps de mon identité, documentaire de Jacques-René Martin, FR3, 1983.
http://andreacolliaux.canalblog.com/archives/2007/07/25/5713136.html (Carnet De Bord d'Un Steward Devenu Hôtesse de
l'Air, 25 juillet 2007)
[tribune] Ronaldo, les « travestis », le sida et la mort
par
Hélène Hazera, Yagg, 21 juillet 2009
En avril 2008, une information capitale secouait la planète people. Un célèbre footballeur brésilien avait été
surpris avec deux trans’. Vous allez sur un moteur de recherche, vous tapez les mots Ronaldo et travesti (les Brésiliens emploient encore le mot français des années
60) et vous obtiendrez des dizaines de liens sur des articles, des émissions de télé, des vidéos burlesques où les mêmes « travestis » qu’on a vu aux infos, féminines et hormonées,
sont jouées par des bonshommes poilus, la perruque de travers. Et les déclarations accablées de la vedette qui aurait dit au commissaire: « Ça va me coûter ma carrière
! ».
Une fois de plus, le message principal envoyé aux trans’, c’est qu’il vaut mieux être vu en train de sucer la queue du diable qu’être soupçonné d’avoir ou de vouloir lutiner une trans’. Et
que si un footballeur fraye avec une trans’, c’est obligatoirement parce qu’il a été abusé.
Épilogue de l’histoire: Ronaldo n’a pas vu sa carrière s’interrompre, on l’a chambré un moment, c’est tout. Mais Andréia, celle par qui le scandale est arrivé, vient de mourir « de
complication du sida » nous rapporte l’AFP, qui parle sans complexe d’elle au masculin en utilisant le mot « travesti » sans savoir que le terme brésilien se traduit
aujourd’hui en français par trans’, comme si Andréia se vivait dans le déguisement.
Les leçons à en tirer, c’est l’incroyable transphobie des médias, qui à l’échelle internationale ont fait quelque chose de monstrueux d’un cas banal: un hétérosexuel est attiré par une femme
trans’. Qui nous dit que ce n’est jamais arrivé à ces commentateurs virils? La leçon à en tirer, c’est qu’au Brésil une trans peut mourir à 22 ans du sida. La leçon à en tirer, c’est que la
prévention oublie que les clients des femmes trans’ sont des hétérosexuels. Les mêmes qui s’indignent de ce qu’un footballeur ai pu avoir envie d’une trans’ n’ont pas un mot de compassion
pour la mort de celle-ci. À 22 ans.
lien de l'article : http://www.yagg.com/2009/07/21/ronaldo-les-travestis-le-sida-et-la-mort-876/
Communiqué de Karine Espineira
Enquête : rapports entre trans' et télévision
Trans et sida
Sida : les trans en première ligne [Act Up-Paris, octobre 2009]
Le premier guide de prévention pour les trans «FT*» A l'occasion de la parution du premier guide en français de prévention pour les trans FT* (Female to something) et leurs amants, l'association OUTrans organise une soirée aux Souffleurs (Paris) le dimanche 31 janvier 2010 > EN SAVOIR PLUS dans Têtu
Trans et sida : la communauté du silence

8 déc 2005 ... Depuis le début de la pandémie, les trans' ont été oubliéEs. Avons-nous droit à
autre chose que le voyeurisme ou l'indifférence ?
http://www.actupparis.org/
XVIIe conférence internationale sur le sida (3-8 août 2008, Mexico)
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Les transgenres
organisent leur lobby |
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Coordinatrice du réseau des transgenres d'Amérique latine (Red LacTrans), Marcela Romero était fière de voir la communauté transgenre prendre une place plus importante durant la XVIIe édition de la conférence internationale sur le sida. Non seulement visible, la communauté a su se faire entendre lors de nombreuses sessions ou au cours de présentations de posters décrivant les actions des associations. «Nous prouvons que la communauté transgenre est présente, déclare Marcela Romero. Elle a des choses à dire et fait partie de la société civile, au même titre que les hommes ou les femmes biologiques. Qui mieux que nous, peut parler de nous ? Nous ne pouvons plus accepter que d'autres parlent à notre place !». Cette conviction est d'ailleurs à l'origine de la création de Red LacTrans, qui regroupe depuis 2004 des associations de 20 pays d'Amérique Latine souhaitant s'organiser politiquement et porter une parole commune au sujet de la reconnaissance des droits des transgenres. |
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Le droit à la différence | |||
L'engagement politique dans la société civile est primordial. Keyla Simpson est consultante auprès du ministère de la Santé au Brésil et se bat
depuis plus de 10 ans pour faire de la question transgenre un sujet incontournable dans les débats publics de son pays. «Les transgenres cumulent les stigmates, sont victimes de
nombreuses discriminations et vivent dans une grande vulnérabilité, notamment face au VIH/sida.» L'espérance de vie des transgenres en Amérique Latine est d'environ 35 ans. Dans
la majorité des cas, les décès sont dus soit au VIH, soit à des violences physiques. Le fait que les droits fondamentaux ne soient pas appliqués à leur encontre aggrave d'autant
plus la vulnérabilité de ces personnes. |
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Préparer l'avenir
A Cali, Valentina Riascos Sanchez tente au sein de son association de lutter contre toutes les formes de discrimination. Elle a créé une «carte
d'identité» transgenre, reprenant la photo de la personne, ainsi que ses nom et prénom féminins. Au recto de cette carte, sont inscrits quelques articles de loi, sur les droits
des personnes en cas d'arrestation et la liberté de chacun à pouvoir exercer le travail sexuel. Valentina souhaiterait que toutes les personnes transgenres puissent être en
possession de cette carte, afin de faciliter leurs relations avec les autorités et réduire le nombre de violences policières. Elle œuvre aussi pour que les transgenres puissent
être appelées par leur prénom féminin. Ce dernier point semble primordial pour la prise en charge médicale des membres de la communauté. En effet, explique Marcela Romero, de
nombreux transgenres vivant avec le VIH négligeraient leur suivi médical, faute d'un accueil respectueux et non stigmatisant dans certains établissements médicaux. Comment se
sentir à l'aise dans un lieu de soins quand tout le monde, y compris le médecin, vous parle au masculin ?
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Mobilisation et défense des transgenres en France
A la veille de la remise par l'HAS d'un rapport sur les transgenres, Camille Cabral, directrice du PASTT (2) à Paris, souhaiterait qu'un réseau
similaire à celui de l'Amérique Latine puisse voir le jour en France et par la suite en Europe. Selon elle, la Red Lac Trans doit servir d'exemple en terme « d'empowerment (3) »
pour l'ensemble de la communauté transgenre internationale. |
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L'action d'Arcat | |||
Dans son action d'accompagnement global de personnes vivant avec le VIH et les hépatites chroniques, l'association Arcat mène depuis 2001 un programme d'information et de prévention spécifique pour un public transgenre latino. Programme qui a pour objectif de réduire le risque d'infection par le VIH et les IST et d'informer sur l'accès aux soins et les services adaptés à la prise en charge de personnes transgenres. Un psychologue et une animatrice de prévention proposent des entretiens individuels de prévention en langue espagnole. Ils peuvent réaliser des accompagnements physiques quand l'état de santé ou la situation sociale des usagères le nécessitent. L'association met également à disposition des dépliants adaptés (sur le VIH, les IST, les hépatites, le mode d'emploi du préservatif, les droits sociaux) et va réaliser des brochures spécifiquement destinées à la population transgenre et aux personnes les prenant en charge. Préservatifs et gels lubrifiants sont distribués lors d'actions qui ont lieu toute l'année, dans un local situé à proximité d'un lieu de prostitution à Paris, et à bord d'un bus qui sillonne les lieux de prostitution dans une forêt aux alentours de la capitale. Cette action est menée en collaboration avec l'association « les amis du bus des femmes » qui intervient spécifiquement auprès du public prostitué. En 2007, 211 personnes transgenres ont bénéficié des entretiens menés par ARCAT dont certaines ont été orientées vers des services sociaux hospitaliers et des consultations spécialisées de médecins proctologues et médecins endocrinologues. | |||
Miguel-Ange Garzo, Christine Etchepare et Anne Guérin (Arcat, Paris) | |||
(source : Pari-t)
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Comportements sexuels et style de vie, à l’ère du VIH/sida, de la population transsexuelle
Les associations de transsexuels et de lutte contre le sida et le Centre régional d’information et de prévention du sida (Crips) publient une première étude exploratoire décrivant la
situation sociale, les comportements sexuels et le recours aux soins des personnes trans.
L’étude a été réalisée auprès des 179 personnes ayant répondu à un questionnaire élaboré par le Crips et Act Up-Paris puis diffusé via Internet de mai à juin 2007. Les informations recueillies mettent en évidence des caractéristiques socio-économiques proches de la population générale, mais avec des modes de vie marqués par moins de vie de couple, moins d’activité sexuelle, plus de rapports sexuels associés à des échanges d’argent, des prises de risques plus importantes vis à vis du VIH, davantage de consommation de substances psychoactives.
Depuis l’ère du sida, la connaissance de la population homosexuelle masculine s’est améliorée notamment en matière de comportements sexuels et de compréhension de la construction identitaire, mais les associations de transsexuels et de lutte contre le sida pointent le manque de travaux sur la ou les populations qu’elles représentent. Le terme de transsexualité, sans définition clairement établie, recouvre des situations et des comportements variés chez des personnes qui ont en commun de se sentir en désaccord avec le sexe qui leur est assigné biologiquement à la naissance : transgenres, transsexuels, travestis, hommes se sentant femme ou l’inverse.
L’âge moyen des participants est de 39,6 ans. Plus de 93 % se sont définis par rapport aux notions de transsexuels (72,6 %) et de transgenres (54,8 %), 34,1 % répondant oui pour ces deux items (tableau 1). Parmi les participants, 41,9 % se déclarent hétérosexuels, 21,8 % homosexuels, 33,5 % ne se déclarent ni homosexuels ni hétérosexuels et 2,8 % se déclarent à la fois homosexuels et hétérosexuels. Orientation sexuelle et identité ne sont pas associées.
Cette enquête a notamment mis en évidence certaines particularités des comportements sexuels et préventifs :
Au cours des 12 derniers mois, 61 % des répondants ont eu
des rapports sexuels, et la moitié déclare avoir un partenaire principal.
Lorsque les répondants ont un partenaire principal, il s’agit d’une personne transsexuelle
dans 18,6 % des cas, d’un homme dans 30 % des cas et d’une femme dans 52 % des cas.
Parmi les répondants, 18,4 % rapportent des actes sexuels contre de l’argent, donné ou
reçu.
La proportion de répondants déclarant avoir eu des rapports sexuels dans les 12 mois
précédents diminue avec l’âge, passant de 75 % chez les moins de 30 ans à 32 % chez les plus de 50 ans.
Les personnes enquêtées déclarent en moyenne 4,4 partenaires dans les 12 derniers mois.
Une proportion importante des participants (82 %) déclare ne jamais utiliser de
préservatif pour les rapports bucco-génitaux et la moitié lors de rapports avec pénétration avec leur partenaire principal.
Bien que la différence ne soit pas significative, les personnes qui ont un homme pour
partenaire principal sont plus nombreuses à ne jamais avoir utilisé de préservatifs avec ce partenaire au cours des 12 derniers mois (72 % versus 64 % pour les personnes qui ont
pour partenaire principal une femme et 37 % pour celles qui ont pour partenaire principal une personne trans, p=0,07).
Le recours au test de dépistage du VIH dans les deux dernières années concerne 49,7 %
des participants, 29 % y ont eu recours antérieurement à cette période et 21 % n’ont jamais fait de test de dépistage. Sur l’ensemble de l’échantillon, 4,5 % se déclarent
séropositifs, 77,0 % se disent séronégatifs, 16,8 % ignorent leur statut sérologique et 1,7 % ne sont plus certains d’être séronégatifs.
Rapportés aux seuls participants qui ont eu au moins un test de dépistage au cours de la vie
(n = 141), le pourcentage se déclarant séropositifs serait de 5,7 %.
Dix-sept pour cent des participants déclarent avoir déjà eu une autre IST dans leur vie. Il
s’agit généralement d’infections à gonocoques ou d’herpès génital.
Cette enquête montre la faisabilité d’un recrutement par Internet pour atteindre une population cachée dont les caractéristiques sociales ont de nombreux points communs avec la population générale en terme d’âge, de proportion d’immigrés, de niveau d’étude et d’activité professionnelle, comme l’indique la comparaison avec l’Enquête décennale santé 2003 (EDS) réalisée en population générale.
Bien que l’infection à VIH semble plus présente dans la population trans que dans la population générale, en relation avec les prises de risques plus importantes, elle apparaît nettement moindre que dans la population gay. Ce résultat peut être lié à des comportements différents, notamment une diversité de partenaires moins importante dans la population enquêtée que dans la population homosexuelle masculine.
Le taux de séropositifs déclarés dans cette population socialement bien insérée est plus bas que ceux observés dans les études publiées dans d’autres pays
qui dépassent souvent 10 % .
http://femmesida.veille.inist.fr/spip.php?article629 - Rédigé le 2 juillet 2008
Source en ligne : BEH, 1er juillet 2008 / n°27
1er décembre 2008 : 20ème Journée mondiale contre le sida
Le 1er décembre 2008 a marqué le 20ème anniversaire de la Journée mondiale de lutte contre le sida, créée en 1988 par l'Organisation mondiale de la Santé. |
Un tiers des 130.000 personnes séropositives en France ignorent qu'elles sont malades. Dans une série d'études rendues publiques lundi 1er décembre, à l'occasion de la journée mondiale contre le sida, l'Institut de veille sanitaire s'inquiète de la fréquence des pratiques à risque et préconise le développement des dépistages précoces. Si l'on meurt moins du sida que dans les années 1980, les personnes touchées par le VIH risquent de mourir plus tôt d'autres maladies, comme le cancer. (source : Mediapart)
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La lutte en quête d'un nouveau souffle (source : E-llico.com : actualité gay)
Contre le sida, "on peut soulever des montagnes"
[Sida] Un vaccin thérapeutique dans "quatre ou cinq ans", selon Pr Montagnier
STOCKHOLM - Le professeur français Luc Montagnier, co-lauréat du prix Nobel de médecine 2008 avec Françoise Barré-Sinoussi, a estimé qu'un vaccin thérapeutique du sida pourrait voir le
jour dans "quatre ou cinq ans".
"C'est difficile à dire mais c'est peut-être une affaire de quatre ou cinq ans", a-t-il déclaré
samedi à l'AFP, en marge d'une conférence de presse à Stockholm où il doit assister la semaine prochaine à la remise de la prestigieuse récompense.
A la question "n'est-ce pas une échéance trop optimiste?", il a répondu: "on a déjà dix ans de travail derrière nous" et souligné que la recherche sur le vaccin thérapeutique était "plus facile" que celle du vaccin préventif.
"C'est une maladie très complexe (...) nous sommes toujours en train de chercher à expliquer pourquoi le système immunitaire décline et nous cherchons toujours la nature du réservoir du virus", a-t-il rappelé au cours de la conférence de presse.
Il a également souligné qu'à défaut d'éradiquer la maladie, il y avait "diverses manières de réduire la contamination" via l'éducation, l'information et la prévention d'autres maladies en particulier dans les pays en voie de développement.
De son côté, Françoise Barré-Sinoussi a souligné qu'il était impossible de donner une échéance pour la mise au point d'un vaccin préventif.
"On ne sait pas, il faut tout simplement le reconnaître, et travailler", a-t-elle déclaré à l'AFP.
Elle aussi a insisté sur l'importance des recherches portant sur la manière dont "le virus est capable de constituer un réservoir dans le corps, réservoir consistant", qui explique qu'aujourd'hui les malades doivent suivre un traitement "le reste de leur vie".
"C'est une maladie sexuelle. Le virus affecte les muqueuses. Donc si nous voulons développer un vaccin, nous devons appréhender et mieux comprendre la réponse immunitaire et le mécanisme de protection des muqueuses", a-t-elle ajouté.
La scientifique a également exprimé son impatience de "retourner à une vie normale" et au travail après les cérémonies des Nobel, soulignant qu'elle était sollicitée de toutes parts depuis deux mois.
Les deux scientifiques français ont été couronnés en octobre pour avoir découvert le virus immunodéficitaire (VIH) responsable du sida qui a déjà tué 25 millions de personnes à travers le monde.
Le comité a aussi récompensé le chercheur allemand Harald zur Hausen pour avoir identifié le virus responsable du cancer du col de l'utérus qui touche chaque année 500.000 femmes dans le monde.
Les trois chercheurs liront dimanche leur discours récipiendaire à l'Institut Karolinska à Stockholm.
Ils recevront leur prix mercredi des mains du roi de Suède, lors d'une cérémonie à Stockholm. Il s'agit d'une médaille, d'un diplôme et d'un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (930.000 euros) à partager.
Le chercheur allemand recevra la moitié de la somme et les Français se partageront l'autre moitié. (source : AFP, 06/12/2008)
Le changement d'identité pour les transsexuel-les
"Combien de morts, de tentatives de suicide, d’actes de violence et discrimination au quotidien
faudra-t-il encore pour obtenir l’égalité des droits ? La communauté LGBT (Lesbienne Gai Bi Trans) assiste bel et bien à un raidissement de l’État
français, à une stigmatisation et à une répression accrues envers les personnes transgenres. L’égalité républicaine n’est réservée, dans les
faits, qu’aux citoyens définis comme mâles et hétérosexuels. Une communauté d’autant plus minoritaire que, dans ses rangs, surtout chez les jeunes hétérosexuels, beaucoup rejoignent désormais
notre combat contre les violences sexistes, l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie" [Trans Aide]
"Il reste beaucoup à faire pour que les transsexuels et transgenres soient pleinement reconnus. Et notamment, faciliter le changement
d'identité." déclare Philippe Castel, porte-parole de l'Interassociative lesbienne, gaie, bis et trans) : "Nous souhaitons qu'ils puissent, comme en Belgique et en
Espagne, obtenir un nouvel état civil et une modification de leur numéro de Sécurité sociale sans en passer par une opération chirurgicale synonyme
de stérilisation. Certains "trans" se satisfont pleinement de l'hormonothérapie, voire
considèrent la réassignation chirurgicale comme une atteinte à leur intégrité"
(lire plus
bas)
En France
[actu] Chloé Avrillon est désormais officiellement une femme. Ainsi en a
décidé la cour d'appel de Rennes... > LIRE
Yagg (16 octobre 2012)
Il n'existe pas de lois, en France, concernant les transsexuels. Le
sénateur Henri Caillavet avait
présenté deux projets de loi en 1981 et 1982 qui furent tous deux rejetés. Il fut préféré un article particulier concernant la question transsexuelle dans le Code de déontologie de l'Ordre des médecins (l'article 41).
Les transsexuels eux-mêmes ne sont pas d'accord entre eux sur la pertinence de l'élaboration d'une loi, certains craignant en effet la mise en
place d'une loi restrictive et abusive. Le changement d'état civil est actuellement en France une
procédure uniquement basée sur la jurisprudence, laquelle est constante depuis le fameux cas de Coccinelle dans les années 1960.
Pour aboutir à cela, le ou la transsexuel(le) doit nécessairement avoir subi une ablation de ses attributs sexuels natifs et/ou la création d'organes artificiels. Il doit d'abord
suivre un protocole de suivi psychiatrique, effectuer des test psychiatriques afin d'écarter la présence de pathologie mentale. Un "staff" de programme "transgender"
composé d'un psychiatre spécialiste, d'un psychiatre de proximité, d'un endocrinologue et du chirurgien suit le ou la patient(e) jusqu'à l'opération de ré-assignation . Deux années
minimum de suivi médical sont obligatoires avant l'opération. Actuellement, le programme de ré-assignation est pris en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Le changement de prénom
peut-être demandé au juge des affaires familiales avant l'opération lorsque l'apparence physique se rapproche du futur genre sexuel. Les patient(e)s
opéré(e)s en France ont seulement besoin d'un certificat médical établi par le chirurgien pour obtenir leur changement complet d'état civil. Les
patient(e)s opéré(e)s à l'étranger devront être soumis(e)s à un examen effectué par un médecin légiste. le ou la transsexuel(le)ne doit pas avoir d'enfant mineur et doit être
majeur(e). Le droit français ne pose aucune incompatibilité quant au mariage des transsexuels si leur sexe, après la modification, est différent de celui du conjoint.
Une résolution du Parlement Européen votée en 1989 « sur les discriminations dont sont victimes les transsexuels » vise à réduire les discriminations qui peuvent aboutir
à les marginaliser.
Mais dans la pratique, le droit français ferme les yeux sur les femmes pseudohermaphrodites parvenant à se faire passer comme homme à l'aide de prothèses
testiculaires afin d'épouser de vraies filles biologiques, lesquelles ne comprennent pas ensuite leur stérilité mystérieuse et prolongée. Il serait surprenant que des transsexuels
homosexuels n'aient pas eu l'idée d'épouser d'hommes entiers en prétextant divers cas inventés de stérilité. Ces unions sont néanmoins validées par les officiers d'état-civil français
procédant aux mariages et les médecins français effectuant les examens prénuptiaux.
source : Transsexualisme - Wikipédia
TRANSEXUALISME ET MODIFICATION DES ACTES D'ETAT CIVIL
En cas de changement de sexe du mari transsexuel, ce changement est mentionné sur son acte de naissance, mais en aucun cas sur son acte de mariage ou l'acte de naissance de ses enfants.
Nécessairement, son état civil est modifié car personne ne peut refuser qu'il ait un état civil en conformité avec son identité. L'article 8 de la Convention européenne des droits de l'Homme relatif au droit au respect de la vie privée et familiale est donc respectée. Son identité, c'est à dire son sexe et son prénom peuvent donc être modifié et être inscrits en marge de son acte de naissance.
En aucun cas, cette modification ne peut appaître sur l'acte de mariage, car cela reviendrait à autoriser le mariage entre deux personnes de même sexe, alors qu'il s'agit d'une prohibition d'ordre public.
Cette modification ne peut pas non plus apparaître en marge de l'acte de naissance des enfants du transexuels car l'adoption d'enfant par un couple de même sexe est prohibé par la loi, et d'autre part, parce que cela voudrait dire, de manière absurde, que l'enfant a été conçu par deux parents du même sexe.
Cf. CA Rennes, 16 octobre 2012, n° 11/08743, 1453 et 12/00535
Transsexuels : que faut-il entendre par « changement de sexe irréversible » ?
Les pratiques variant d’un juge à l’autre quant à la modification ou non de la mention de sexe à l’état civil d’un transsexuel, la circulaire n° CIV/07/10 du 14 mai 2010 est venue préciser que les magistrats « [pourront] donner un avis favorable à la demande de changement d’état civil dès lors que les traitements hormonaux ayant pour effet une transformation physique ou physiologique définitive, associés, le cas échéant, à des opérations de chirurgie plastique (prothèses ou ablation des glandes mammaires, chirurgie esthétique du visage…), ont entraîné un changement de sexe irréversible, sans exiger pour autant l’ablation des organes génitaux ». Reste à savoir ce qu’il faut entendre par « changement de sexe irréversible », un sénateur faisant remarquer qu’aucune des transformations citées dans le texte n’est irréversible à l’exception stricto sensu de la glande mammaire, laquelle peut d’ailleurs être secondairement remplacée par une prothèse.
Dans une réponse ministérielle du 30 décembre 2010, le Garde des Sceaux répond que cette notion « fait référence à la recommandation n° 1117 du Conseil de l’Europe relative à la condition des transsexuels, citée par le rapport de la Haute autorité de santé « Situation actuelle et perspectives d’évolution de la prise en charge du transsexualisme en France » de novembre 2009. Cette notion est d’ordre médical et non juridique et, selon certains spécialistes, le caractère irréversible peut résulter de l’hormonosubstitution, ce traitement gommant certains aspects physiologiques, notamment la fécondité, qui peut être irréversible. Il appartient aux personnes concernées d’en rapporter la preuve, notamment par la production d’attestations de médecins reconnus comme spécialistes en la matière (psychiatre, endocrinologue et, le cas échéant, chirurgien) et qui les ont suivies dans le processus de conversion sexuelle. Le procureur fonde ensuite son avis, au cas par cas, sur les pièces médicales produites par le demandeur. »
Rép. min. n° 14524, JO déb. Sénat 30 déc. 2010, p. 3373
source : forum-famille.dalloz.fr, 12/01/2011 - lien de l'article : http://forum-famille.dalloz.fr/?p=1953
[tribune]
interview - "Il faut faciliter le changement d'identité"
(Philippe Castel, porte-parole de l'Interassociative lesbienne, gaie, bis et trans)
La transsexualité ne sera plus considérée comme une affection psychiatrique de longue durée, a promis la ministre de la Santé, Roselyne
Bachelot, à la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. Une initiative
saluée par Philippe Castel, porte-parole de l'Inter-LGBT*. Avec quelques bémols
toutefois.
Par Anne Vidalie, lexpress.fr, (publié le 18/05/2009 mis à jour le 19/05/2009)
Quelle est la portée de cette annonce?
C'est une décision symbolique, certes, mais le symbole est important: on ne considérera plus, en France, les "trans" comme des malades
mentaux. Par ailleurs, nous saluons le fait que le gouvernement ne profite pas de ce prétexte pour dérembourser la prise en charge médicale. Les
"trans", comme les femmes enceintes, ne sont pas des malades, mais des personnes qui peuvent avoir besoin de soins médicaux.
Reste à espérer que la ministre de la Santé entame une démarche auprès de ses homologues européens pour les convaincre de lui emboîter le pas. Et auprès de l'Organisation mondiale de la santé, qui classe la transsexualité parmi les pathologies mentales.
Au-delà du symbole, quelles décisions attendez-vous désormais du gouvernement?
Il reste beaucoup à faire pour que les transsexuels et transgenres soient pleinement reconnus. Et notamment, faciliter le
changement d'identité. Nous souhaitons qu'ils puissent, comme en Belgique et en Espagne, obtenir un nouvel état civil et une modification de leur numéro de Sécurité sociale
sans en passer par une opération chirurgicale synonyme de stérilisation. Certains "trans" se satisfont pleinement de
l'hormonothérapie, voire considèrent la réassignation chirurgicale comme une atteinte à
leur intégrité.
Cela vous gêne-t-il que Roselyne Bachelot parle de "troubles de l'identité de genre"?
Oui, car ce vocabulaire vient amenuiser la portée de la décision. Si les "trans" ne sont plus considérés comme des malades, pourquoi parler encore de "troubles"?
Aujourd'hui, le suivi psychiatrique est obligatoire pour obtenir une hormonothérapie. Nous souhaitons qu'il soit possible, et non impératif, car nous insistons sur la
responsabilité des individus.
http://www.lexpress.fr/actualite/sciences/sante/il-faut-faciliter-le-changement-d-identite_761389.html
* l'Interassociative lesbienne, gaie, bis et trans
La violence de l’État français envers les personnes LGBT et ses conséquences : insultes, discriminations dans la vie quotidienne, agressions physiques, meurtres… Sans oublier les suicides d’ados !
Et pour les personnes transgenres ?
La stérilisation comme condition du changement d’identité !
par Trans Aide
Le maintien à tout prix de la vision discriminante de la cellule familiale – qui se doit d’être composée uniquement d’un homme de sexe mâle et d’une femme de sexe femelle – a pour conséquences violences, discriminations, suicides et malheureusement morts d’autres êtres humains ayant une orientation sexuelle, une identité de genre différente…
Cette violence de l’État français consiste à refuser le mariage républicain pour les personnes homosexuelles et à obliger les personnes trans-identitaires à divorcer pour obtenir leur changement d’état-civil. L’État rejette aussi tout projet de famille fondé sur l’amour et la parentalité, à une partie de la population à cause de son orientation sexuelle ! Le projet de loi de la députée Nadine Morano, qui donnait des droits parentaux sans distinction d’orientation sexuelle aux beaux-parents demandeurs, a provoqué une levée de boucliers dans la majorité actuelle ! Vous vous rendez compte ? Un début de reconnaissance de l’homoparentalité en France ! Pour ces élus (de plus en plus coupés) du peuple, c’est une hérésie que l’égalité face à un projet familial…
On remarquera aussi que les défenseurs de l’homoparentalité n’étaient pas vraiment au mieux de leur forme pour défendre des valeurs reposant sur l’égalité des droits pour toutes et tous. Il y avait là un certain manque d’ardeur, voire de conviction face aux tenants de la discrimination.
La violence de l’État français s’exprime aussi au travers du Ministère de la Santé et de sa ministre Roselyne Bachelot – qui a refusé à Trans Aide l’entrevue que
nous lui demandions pour discuter des nouvelles dispositions préconisées par la HAS au Ministère de la Santé, totalement contraires aux droits humains : centre de tri, stérilisation
chimique puis chirurgicale (condition pour obtenir en France une modification de son état civil !).
En réponse à une question écrite du député de Nancy, la Ministre de la Justice, madame Rachida Dati, a réagit par une fin de non-recevoir, citant exclusivement les transsexuels, dont elle
estime le traitement satisfaisant ; elle n’évoque ni la question ni même le terme transgenre ! Le Tribunal de Grande Instance de Nancy, lors d’un récent jugement, a d’ailleurs rejeté
la demande de changement d’identité d’une personne transgenre, essentiellement parce qu’elle avait refusé de fournir la preuve de sa stérilisation… Les attendus, sur lesquels nous reviendrons
ultérieurement, soulignent clairement que, sans cette preuve, une personne transgenre pourrait procréer… On voit bien que c’est la parentalité qui est au cœur de la répression d’État contre les
Trans.
En France, la HAS – Haute Autorité de Santé – appelle donc à une répression accrue et verrouille donc la liberté de vivre son identité de genre en émettant un rapport dont les conclusions sont un recul effarant sur une situation déjà scandaleuse. Aujourd’hui, on tente de psychiatriser les plus faibles, et on stérilise les « anormaux » ! En ne nous accordant pas le droit au changement d’état-civil dans des conditions respectueuses des droits humains, l’État français fait tout pour nous détruire.
Pas stérilisé(e) ? pas de papiers ! Voilà la position de l’Etat français !
Pour les quelques groupes Trans qui voulaient encore croire à la possibilité d’apitoyer nos dirigeants, le message est clair : si vous voulez vivre,
battez-vous ! Ces gens-là ne nous donneront pas spontanément cette égalité car ils préfèrent fermer les yeux sur les violences, les discriminations et les morts engendrées par leur politique
du « bien pensant mâle hétérosexuel dominant », supposé être la seule « bonne voie ». Pas besoin de « guide » de la pensée pour imposer leur « loi naturelle »
reposant sur le seul modèle de cellule familiale où l’amour n’a pas sa place : un mâle dominant sa femelle soumise ! C’est le fondement de la vision hétéro-patriarcale et sectaire de la
famille… Notre vision à nous est authentiquement républicaine : l’égalité des droits pour toutes et tous !
Mais combien de morts, de tentatives de suicide, d’actes de violence et discrimination au quotidien faudra-t-il encore pour obtenir l’égalité des droits ? La communauté LGBT (Lesbienne Gai
Bi Trans) assiste bel et bien à un raidissement de l’État français, à une stigmatisation et à une répression accrues envers les personnes transgenres. L’égalité républicaine n’est réservée,
dans les faits, qu’aux citoyens définis comme mâles et hétérosexuels… Blancs de préférence ! Bref, une communauté d’autant plus minoritaire que, dans ses rangs, surtout chez les jeunes
hétérosexuels, beaucoup rejoignent désormais notre combat contre les violences sexistes, l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie.
Face
à la politique discriminatoire de l’État français, mobilisons-nous pour en finir avec une situation indigne d’une République digne de ce nom.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de l’odieux chantage : stérilisation contre modification d’état civil !
Nous exigeons l’accès à
la parentalité et au mariage républicain pour tous et toutes !
Pour Trans Aide
Association nationale transgenre
La secrétaire nationale,
Delphine Ravisé-Giard
secretariat@trans-aide.com
source : Trans Aide - www.trans-aide.com
sur le même sujet
pour aller plus loin
. La transsexualité dans l'Histoire (jusqu'à aujourd'hui)
La transidentité (définitions et parcours du-de la transsexuel-le)
La Transidentité
Nous tenterons de comprendre ce qu'est la transidentité. Il n'est pas question ici de chercher à comprendre son origine ou apprendre à l'éviter (ce qui est impossible), mais simplement d'expliquer ce que veut dire "être trans".
Qu'est-ce que le genre?
A priori, le "genre" désignerait la classification dans la catégorie mâle ou femelle. Cela reste assez vague. Il nous faut donc distinguer deux niveaux : le biologique (génital) et le mental. On s'accorde alors à parler de "sexe" pour le physique et de "genre" pour le mental. On pourrait alors dire que le genre, c'est le "sexe du cerveau". Le genre est mental et social. C'est la façon dont on se perçoit par rapport à la société. C'est se positionner plutôt du côté masculin ou féminin.
Pour comprendre la transidentité, il faut différencier le sexe, le genre et l'orientation sexuelle. On ne se sent pas femme parce qu'on est attiré par les hommes. On ne se sent pas forcément homme parce qu'on a un pénis. (il y a par exemple des personnes à la fois transsexuelles et homosexuelles) Il s'agit de trois choses bien distinctes :
1. le sexe : mâle-pénis; femelle-vagin; intersex-toutes les situations génitales/hormonales/chromosomiques intermédiaires (il y en aurait plus de 600) ¹
2. le genre : masculin (rôle social mâle); féminin (rôle social femelle)
3. orientation sexuelle : hétérosexuel (attiré par un être différent de soi); homosexuel (attiré par un être semblable à soi); bisexuel (attiré par un être semblable ou différent).
L'orientation sexuelle n'ayant rien à voir avec la construction identitaire, nous la laisserons de côté.
La transidentité
Dans la plupart des cas, le sexe et le genre sont en accord total. Un enfant naît avec des organes femelles, et en grandissant se reconnaît dans un rôle social féminin. Jusqu'ici, rien de transcendant. Mais un enfant peut naître avec des organes femelles et ne pas se reconnaître dans un rôle social féminin, mais plutôt dans un rôle social masculin. Certaines statistiques disent qu'il s'agirait de 0,1% de la population (soit 1 personne sur 1000), mais aucune étude sérieuse n'a été réellemet menée.
Une fois le constat du décalage fait (et il se fait en général assez tôt), il peut y avoir souffrance. Mais la souffrance dont parlent certains ne vient pas de ce décalage lui-même, elle vient plutôt du fait que l'on veuille contraindre les jeunes trans à se conformer à un rôle social qui ne leur correspond pas. On ne souffre pas de se sentir fille. On souffre des brimades, du mépris, et de l'obstination à vouloir nous faire "changer".
¹ source Tom Reucher
source : Trans in the City : site d'informations transsexuel et transgenre
Une autre manière d'expliquer
La transidentité
Cela consiste à ressentir le besoin irrépressible d’adopter, ponctuellement ou définitivement, les comportements et attributs sociaux du genre (masculin ou féminin) auquel on s’identifie, en contradiction avec son sexe génital.Ce questionnement sur sa propre identité peut s’exprimer consciemment dès l’enfance, à l’adolescence ou même seulement à un âge avancé.
Mais confronté(e) aux rôles que la société attribue au sexe de naissance, on va exprimer son malaise de manière plus ou moins forte et visible : sentiment de différence pouvant conduire au repli sur soi ou, au contraire, à son expression exacerbée, voire dans les cas extrêmes au rejet de la vie.
Cela peut faire penser spontanément à l’homosexualité, mais il s’agit bien d’autre chose. Ce n’est pas l’attirance affective ou sexuelle qui est en jeu, mais le besoin de s’identifier et d’être reconnu « en tant que fille » ou « en tant que garçon ». Cet état se manifeste diversement, du transvestisme au transsexualisme ; le terme « transidentité » le désigne de manière globale.
Ce phénomène a toujours existé, dans toutes les civilisations, dans toutes les couches de la société et dans tous les types de familles. On estime à plusieurs milliers les personnes concernées en France aujourd’hui.

Il n’existe pas de réponse miracle qui puisse s’appliquer à tous. Nous croyons que c’est seulement par la reconnaissance de la diversité des vécus que la transidentité peut être abordée, comprise et accompagnée.

Il arrive que des enfants naissent avec un appareil génital externe ambigu. On parle alors « d’intersexués », cas spécifiques non abordés ici.
Mais dans la plupart des cas, on naît avec un sexe physiologique défini mâle ou femelle, auquel la société associe d’emblée le genre masculin ou féminin. Or, il peut exister un décalage entre le sexe biologique et le genre : un « mâle » va alors se ressentir femme et une « femelle » homme. Ce décalage va générer un conflit intérieur (on parle de « dysphorie de genre »), amplifié par l’interdit émis implicitement par l’environnement familial et social.
Nombre d’hypothèses ont été émises pour tenter d’expliquer ce phénomène : imprégnation hormonale intra utérine, cause génétique, conditions psychologiques des premiers mois de la vie… Aucune n’a pu donner lieu à ce jour à une validation scientifique. Par défaut, la médecine a classé les « troubles de l’identité de genre » dans la catégorie des maladies psychiatriques malgré l’absence de tout symptôme de dysfonctionnement mental. En dépit des tentatives systématiques mises en oeuvre depuis la fin du XIXe siècle, tous les traitements psychiatriques, psychanalytiques, ou psychothérapeutiques se sont révélés impuissants à éliminer ce ressenti.
Il paraît illusoire aujourd’hui, et même nuisible, de chercher à « guérir » un individu de son aspiration fondamentale à vivre dans le genre qu’il ressent, voire à « changer de sexe ».
Alors que la personne ressent généralement son malaise très jeune, elle n’est pas forcément capable de le nommer, encore moins de l’exprimer.
Les situations diffèrent selon le moment de la vie où cela se révèle.
Souvent, elle s’efforce de « faire avec » et parvient tant bien que mal à se construire une personnalité et à se comporter selon les schémas sociaux attendus : études, réussite professionnelle, et même mariage, voire enfants. C’est au prix d’une auto-répression douloureuse qui conduit souvent à un renfermement mental, source de comportements plus ou moins incompréhensibles par l’entourage. Le travestissement occasionnel, et souvent secret, pourra offrir une échappatoire fugace.
Et un jour, quelquefois fort tard, s’impose la nécessité impérieuse d’entreprendre un cheminement vers soi-même, pour enfin être bien dans sa peau.
Dans ce type de parcours, la personne a pu réussir une certaine intégration sociale, mais elle va devoir affronter de grandes difficultés et une forte culpabilisation vis-à-vis de son entourage.
Pour certains enfants par contre, l’impossibilité à vivre dans le genre qu’on leur a assigné se manifeste dès le plus jeune âge. Si ce malaise n’est pas pris en compte, ils iront vers l’échec scolaire, l’isolement, et parfois la marginalisation sociale (dans les cas extrêmes, il peut y avoir une évolution vers une psychose et/ou des tendances suicidaires). Leur parcours ultérieur s’avèra alors plus difficile encore, même s’ils obtiennent finalement la réassignation sexuelle dont ils ont besoin.

Le petit garçon que l’on trouve revêtu d’une robe de sa sœur ou la petite fille qui refuse obstinément de mettre des jupes et apparaît comme un « garçon manqué » ne réclameront pas automatiquement un changement de sexe à l’adolescence ! Parfois, pouvoir adopter plus ou moins ponctuellement les codes sociaux de l’autre genre peut suffire à trouver un équilibre. Un certain nombre d’hommes, par exemple, parviennent à vivre leur désir de féminité par le transvestisme. La confrontation aux regards extérieurs au sein d’associations dédiées peut alors leur permettre un réel épanouissement par le lien social. Mais l’équilibre ainsi trouvé n’est pas forcément durable.
A un stade plus marqué, la personne va réellement se construire une double vie sociale, passant d’un genre à l’autre en fonction des obligations familiales ou professionnelles.
Dans d’autres cas, il s’agira de vivre sans modification corporelle dans l’autre genre, ou encore dans un genre non marqué , et ceci de manière permanente.
Enfin, des personnes peuvent vouloir recourir à la médecine pour mettre leur corps en harmonie avec leur psychisme. Pour certaines, un traitement hormonal sera une solution acceptable, éventuellement complété par de la chirurgie esthétique ; d’autres estimeront indispensable une transformation chirurgicale des organes génitaux.
Les différentes situations évoquées ci-dessus supportent toutes sortes de nuances, mais surtout ne sont pas figées : on peut passer de l’une à l’autre en fonction de son évolution personnelle.

La transformation physique
Dans le cas des personnes s’orientant vers une transformation chirurgicale du sexe, des équipes médicales hospitalières ont établi un « protocole de soins » doté d’exigences et de critères d’admission très sélectifs et différents selon les équipes régionales. Schématiquement, les « candidats » sont « évalués » pendant un an à deux ans minimum sur le plan psychique, puis peuvent être admis à suivre un traitement hormonal. Le feu vert n’interviendra à son tour qu’au minimum un an plus tard pour des gestes chirurgicaux. Leur délai de mise en œuvre peut quant à lui durer des mois, voire des années…
En France, les autorités limitent ce type d’intervention à quelques hôpitaux publics. Mais le faible nombre d’opérations effectuées ne permet pas aux chirurgiens exerçant en leur sein d’acquérir l’expérience indispensable.
Du fait du caractère souvent discriminatoire de l’application de ce protocole, et suite à un certain nombre d’échecs chirurgicaux, de plus en plus de personnes « transsexuelles » élaborent leur propre parcours :
- en s’adressant directement à des médecins plus conciliants (généralistes, endocrinologues, psychiatres, chirurgiens pour des opérations autres que le changement de sexe lui-même) exerçant hors des équipes médicales hospitalières.
- et, principalement pour la chirurgie génitale, en se faisant opérer à l’étranger par des chirurgiens spécialisés et réputés.
A cet égard, il est regrettable que les autorités sanitaires française n'aient pas encore pris l'initiative de former (notamment auprès de spécialistes internationalement réputés) et mettre en place une ou des équipes référentes.
Le suivi médical et psychologique
Quels que soient l’objectif final et la procédure choisie,
il s’agit de parcours à fortes implications médicales, psychologiques, familiales et sociales.
Même limité à une hormonothérapie, le traitement est loin d’être anodin, entraîne une prise de risque, et nécessite un suivi médical très sérieux.
Par ailleurs, les années de transition entraînent une fragilisation et des risques non négligeables de marginalisation : perturbation, voire rupture de liens affectifs et sociaux (conjoint, parents, fratries, enfants, voisins, amis), perte d’emploi ou harcèlement moral et autres formes d’exclusion. Ces difficultés sont encore aggravées par le décalage croissant entre les papiers d’identité (et la carte Vitale !) et l’apparence physique.
La personne « transidentitaire » doit prendre conscience que son évolution a besoin de temps : ce n’est que progressivement qu’elle pourra s’approprier et faire reconnaître sa nouvelle image. Bien qu’il ne s’agisse pas à proprement parler d’un trouble psychiatrique, elle aura tout intérêt à recourir à un accompagnement psychologique.
La prise en charge financière des soins
La sécurité sociale prend en charge à 100 % les soins liés à la transformation au titre d’une « affection de longue durée » (ALD). Mais le transsexualisme étant classé dans les troubles psychiatriques de longue durée (trouble de l'identité de genre), cette prise en charge ne peut, en pricipe, être accordée que sur demande du médecin traitant après avis d'un psychiatre.
Elle couvre alors : L’hormonothérapie, l’épilation du visage (homme vers femme), l’orthophonie (homme vers femme), les chirurgies des seins (mammectomie ou mammoplastie selon les cas), dans certains cas, la chirurgie des caractères sexuels secondaires (pomme d’Adam, modifications maxillo-faciales).
Enfin, sur production d'un certificat médical cosigné par un psychiatre, un endocrinologue et un chirurgien, pourra être programmée et prise en charge la chirurgie de l'appareil génital (hystérectomie, phalloplastie, vaginoplastie selon les cas).
Traditionnellement, la prise en charge des gestes chirurgicaux effectués à l’étranger est refusée, mais de récentes exceptions laissent augurer un certain assouplissement.
Le changement d’état civil
Il a fallu attendre 1992 et une condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour que les tribunaux français ne s’opposent plus aux changements d’état civil demandés par des « transsexuel(le)s ».
Cependant la procédure reste lourde : il s’agit d’une requête, voire d’une assignation devant le tribunal de grande instance, par l’entremise d’un avocat, ce qui induit un coût de 1500 à 3000 e minimum. En dépit des attestations médicales fournies et de la jurisprudence, certains tribunaux exigent des expertises physiques et psychiatriques parfois humiliantes et onéreuses. Le délai avant jugement définitif est d’en moyenne un an.
De plus, cette procédure n’est, en général, recevable qu’après intervention chirurgicale et pour des personnes non mariées, ou divorcées.
Une procédure alternative ou d’attente est celle du seul changement de prénom : une circulaire du Garde des Sceaux datant de 2005 en autorise le principe durant la phase de transition, mais son application relève de l’appréciation du juge.
Enfin une autre solution provisoire est l'établissement d'un acte de notoriété (délivré par le greffe du tribunal d'instance ou par un notaire) permettant la reconnaissance d'un alias mentionné sur la carte d'identité et facilitant l'obtention de certains documents de la vie courante avec la mention du prénom choisi.
A titre de comparaison, l’Espagne a adopté en 2007 une loi permettant le changement d’état civil à des personnes hormonées, suivies médicalement, opérées ou non.

La transidentité est une situation qui mobilise beaucoup de persévérance, d’énergie et de courage chez la personne concernée. La réponse la mieux appropriée, de la part de l’entourage, passe par l’écoute et le respect. Cela induit, dans la communication avec elle, l’emploi du genre grammatical correspondant à son aspiration.
« Ce n’est pas naturel : on est une homme ou une femme, point barre… »
Au niveau du sexe anatomique, il existe dans la nature de nombreux cas d’êtres vivants qui sont dotés d’un mélange des deux sexes, plus rarement des deux sexes complets ou parfois encore passant de l’un à l’autre. Chez l’humain, les caractéristiques physiques et psychiques liées à chaque sexe comportent de nombreuses variations, à partir d’une distinction entre les deux sexes qui ne s’opère progressivement chez l’embryon qu’après sept semaines de gestation.
Mais ce n’est pas la nature qui assigne tel comportement au genre féminin ou au genre masculin, ce sont les habitudes sociales.
L’humanité tente depuis toujours de s’affranchir des contraintes liées à la Nature pour s’assurer un mieux-être : il n’était pas au départ « naturel » pour l’Homme de se construire des maisons, de rouler en automobile ou de mettre des lunettes ! Se libérer de codes sociaux qui ne sont plus directement liés à la survie de l’espèce n’est pas forcément contre nature.
« C’est de la perversion sexuelle »
Nous l’avons vu, il s’agit avant tout d’un problème d’identité. Comme dans l’ensemble de la société, on peut retrouver chez les personnes transidentitaires toute la gamme des comportements et attirances sexuelles, mais le problème n’est pas là. D’ailleurs, beaucoup disent avoir une vie sexuelle malheureusement assez pauvre : avant d’envisager la relation à l’autre, c’est bien la relation à soi-même qui est en cause.
« C’est de la provocation »
Certes, la personne transidentitaire « provoque » sans le vouloir un ordre établi, et bouscule des idées toutes faites sur ce clivage habituel homme/femme. Mais c’est en réponse à un ressenti intérieur, non à une volonté de nuire à un ordre social : son intention est de vivre en harmonie avec elle-même et avec les autres. C’est justement l’existence d’un véritable tabou social qui va être à l’origine de son mal-être.
« C’est la mode, et vous faites du prosélytisme »
S’il semble qu’il y ait de plus en plus de personnes concernées, c’est simplement parce que les modes de communication ont beaucoup évolué, et que ce qui se vivait dans un grand isolement peut à présent s’exprimer et se partager. A cet égard, l’essor d’Internet a eu un impact considérable. Pour autant, la difficulté du vécu lié à ce type de parcours écarte toute idée que quelqu’un puisse le suivre par fantaisie ou émulation.
« C’est un choix égoïste »
On ne choisit pas d’être confronté à la transidentité, vécue en général comme une fatalité. Ce qu’on peut choisir, à un moment donné de son existence, c’est d’y faire face. Et ce choix-là nécessite un grand courage.
Bien sûr, cela implique un engagement total dans un cheminement personnel, et l’entourage peut se sentir floué, laissé pour compte. Mais ce n’est qu’en parvenant à avoir de la considération pour soi-même que l’on peut vivre en harmonie avec les autres.
« C’est que du malheur ! »
Aussi étonnant que cela puisse paraître, et à condition que le parcours s’effectue dans de bonnes conditions, c’est au contraire un chemin de bonheur ! En dépit des difficultés du moment, la personne le ressent dès qu’elle aperçoit une issue possible à sa condition antérieure.
Concernant les personnes qui s’orientent vers une transformation corporelle majeure, nombre d’histoires de « changement de sexe » ont effectivement été vécues dans la tragédie, quand elles n’ont pas débouché sur une mort prématurée. Mais l’évolution des conditions médicales et sociales permet à présent d’envisager des parcours plus sereins.
Pour les opérations par exemple, on ne peut plus aujourd’hui parler de « mutilations », tant les progrès réalisés par les équipes médicales de certains pays permettent de qualifier ces interventions de véritables reconstructions. Malgré le peu d’études réalisées sur le sujet, l’ensemble des professionnels de santé concernés par la transidentité s’accordent à reconnaître que la plupart des personnes opérées éprouvent un véritable mieux-être et peuvent accéder à une meilleure intégration sociale.
Sur le plan social, on constate que des administrations et entreprises admettent de mieux en mieux la « transition » de certains de leurs employés. L’ensemble de la société se montre progressivement plus ouvert. Cependant, un énorme chemin reste à parcourir pour banaliser la transidentité et éviter les phénomènes d’exclusion.
Le cas des personnes qui veulent changer de genre sans chirurgie génitale peut paraître moins angoissant pour l’entourage, mais peut s’avérer plus difficile à vivre socialement puisqu’elles ne peuvent actuellement obtenir un changement officiel de leur état civil et qu’elles subiront peut-être encore plus de critiques.
« Ce ne sera jamais un "vrai" homme ou une "vraie" femme »
C’est vrai, si tant est qu’on puisse définir exactement ces deux notions. La personne concernée n’en est généralement pas dupe. Mais ce qui compte pour elle, son objectif fondamental, c’est le fait d’être considérée homme (pour les personnes transidentitaires femme vers homme) ou femme (pour le cas inverse) et de vivre dans l’apparence et le comportement du genre auquel elle se sent appartenir. La transition va pouvoir permettre de se considérer soi-même comme un être humain à part entière, ce qui est essentiel.

Travesti
Concerne habituellement les personnes de sexe masculin qui expriment leur féminité par le port occasionnel de vêtements de femmes. Bien au-delà des comportements visibles et parfois outranciers,
il s’agit d’une pratique courante vécue souvent dans le secret et la culpabilité, notamment par de nombreux hommes mariés. On utilisera de manière préférentielle les termes « transvesti » ou «
transvestisme », qui n’ont pas la même connotation péjorative…
Transgenre
Terme traduit de l’anglais transgender et dont la définition donne lieu à controverses. Il est tantôt utilisé pour désigner l’ensemble des personnes transidentitaires, tantôt limité aux personnes
qui affirment leur transidentité sans pour autant s’orienter vers une transformation corporelle.
Trans'
Abréviation communément utilisée pour désigner toute personne transidentitaire.
Transsexualisme
Il s'agit de la volonté de modification corporelle, qui peut aller jusqu'à la chirurgie de l'appareil génital. A défaut de terme mieux approprié, on préférera le mot « transsexualisme » à «
transsexualité », auquel la racine « sexualité » confère une connotation inexacte.
Transsexuel(le)
Se dit d'une personne impliquée dans une démarche de transsexualisme. Le mot se décline au masculin ou au féminin selon le genre de destination de la personne concernée.
FtM
De l’anglais Female to Male, désigne la personne de sexe féminin dans un cheminement vers le genre masculin (s’applique à tous les cas de figures cités plus haut).
MtF
Male to Female, démarche du masculin vers le féminin.
Syndrome de Benjamin, dysphorie de genre
Locutions para-médicales désignant les états psychologiques liés à la transidentité. Harry Benjamin, endocrinologue américain, fut le premier au début des années cinquante à préconiser des
traitements hormonaux et chirurgicaux.
. Les hommes, les femmes et nous : transsexuel/les et transgenres
. Pourquoi les transsexuels sont-ils méprisés ?
. Etre transsexuel-le
. Transsexualisme précoce : Entre invisibilité et tabou
Le transsexualisme : de nouveaux enjeux pour le travail social ? de Camille Bergès [Memoire Online, 2009]

Sur la transidentité dans le monde
. Hermaphrodisme et transsexualité chez les animaux / Ces mâles qui deviennent femelles et inversement
. [livres] Changer de sexe - Identités transsexuelles - Prospective sur la transsexualité - "Le matin des magiciennes", un roman qui explique la progression de la transsexualité dans le monde - Les livres pour adolescents qui abordent la transsexualité